Mister Monster ♪ [June Hanawa ♥]

Mister Monster, how are you ?
Mister Monster, where are you ?

Hallelujah était rentrée plus tôt des cours. Elle avait affronté les regards habituels venant de ses professeurs sur sa jupe. Elle était trop courte, pas conforme au règlement. Mais ce n’était pas grave, elle, elle aimait bien sa jupe trop courte. C’était… Sa manière de dire « je ne suis pas un mouton ». Oui, Hallelujah était un ange rebelle. Enfin, c’est ce qu’elle essayait d’être, parce qu’intérieurement, elle obéissait déjà à des règles. Des règles strictes, qui ne servaient absolument à rien mais qu’elle se devait de respecter. Parce que sinon, elle ne serait plus un Ange. Parce que sinon, elle allait déchoir. Et parce que déchoir n’était pas dans ses visions de l’avenir. Elle était tellement heureuse, d’appartenir à une autre race, que perdre son statut la rendrait dépressive. Suicidaire, peut-être. Du coup, elle obéissait sagement au règlement établit par ceux d’En-Haut et elle se taisait. Sauf que les règles, ce n’était clairement pas son truc.

Halley avait galéré un moment avant de pouvoir rejoindre le bâtiment destiné aux dortoirs. Elle avait toujours aimé cette grande maison en briques rouges. Une grande maison d’époque restaurée avec un style impeccable. Elle s’était faufilée comme une ombre jusqu’au premier étage où se situaient les chambres administrées aux élèves. Les pièces étaient réparties de manière à avoir deux personnes par chambre, ce qui avait tout de suite ravi l’Ange dès le départ. Elle aurait détesté être seule. Cette solitude l’aurait rendu folle. Elle détestait la solitude. Bref. Elle partageait sa piaule avec une June, tout à fait charmante qu’elle avait rebaptisé ‘Junie’ et avec qui Halleluja entretenait de bonnes relations. Enfin, pour elle, c’était une bonne relation. Elles étaient copines. Elles se posaient des questions, les trucs de base, hein. Bon, elles n’étaient pas les meilleures amies du monde, mais elles n’en étaient plus non plus au stade de la simple connaissance.

La jeune fille avait lancé son sac sur son lit et avait changé de vêtements. Il était tout à fait hors de question de rester dans son uniforme toute la journée. Elle avait enfilé son jeans et un t-shirt rouge aux manches trois-quarts. Rien de mieux pour se plonger dans le boulot. Elle s’assit en tailleur sur son lit, ouvrit son sac et en sortit son agenda. Bon, bon, bon. Mathématique, anglais, histoire. Le reste, elle verrait après. Elle fouilla après son manuel de math et entreprit de l’ouvrir à la page indiquée. Blablabla… Calculer la longueur… Blablabla… Le côté opposé mesure… Elle avait déjà mal à la tête. Les mathématiques, elle avait horreur de ça. Mais il avait fallu que son Protégé soit le professeur de mathématique… Rah ! Quelle chance, ironiquement parlant, elle avait ! Au moins, si elle avait besoin d’aide, elle pouvait toujours s’arranger pour le chopper. Mais il ne se laisserait pas faire, évidemment.

Alors qu’elle était sagement plantée devant son foutu problème mathématique quand un bruit attira son attention. Ah ! Il était là le salaud ! Ce foutu moustique qui les avait fait chier durant la nuit ! Une heure qu’Hallelujah avait passé à chercher cet insecte de malheur. Elle redressa la tête et chercha. Le bruit revint, derrière elle. Elle se leva et regarda sur les murs. Et puis, elle leva les yeux. Il était là, la narguant sans bouger.

« … C’est une invitation ? »

Bien sûr, elle avait l’air timbrée, à parler comme ça à un moustique. Mais bon. Elle fronça les sourcils et, debout sur son lit, essayait d’atteindre le plafond. Trop haut. Saloperie. Elle jeta un coup d’œil vers la porte. Junie n’était pas encore rentrée… Tant mieux. D’un coup de talon, elle se propulsa vers le haut. Heureusement, il n’y avait pas un mettre entre ses mains et le plafond. Halley avait prit le soin d’emporter un livre afin d’aplatir cet saloperie de moustique. Quand elle l’écrasa, il était déjà trop tard. Elle avait jeté un regard sur la porte. Elle était ouverte sur une Junie abasourdie. Halley lui fit un signe de main et lui lança d’un ton joyeux :

« Hey ! Junie ! Tu ne vas pas le croire, j’ai réussi à tuer le moustique qui nous a fait chier toute la nuit ! »

Hallelujah regarda ses pieds. Ah ouais… Elle volait encore. Oups.

I'm not gonna write you a love song
'Cause you ask for it
'Cause you need one, you see

« Je vais pouvoir dormir ; merci de m’avoir vengé ! »

Hallelujah afficha un sourire plus idiot qu’heureux. Elle arrêta sa lévitation et se laissa tomber sur son lit, au milieu des feuilles qui se mirent aussitôt à voler dans tous les sens. Heureusement qu’elle les avait numérotées auparavant. Elle regarda les feuilles de mathématiques traînant sur le sol et leur tira la langue. Comme ça, sur une impulsion. Oui, Halley avait des impulsions bizarres, je vous le consens.

« C’est une chose tout à fait normale. Après tout, je suis Super Halley ! »

Elle offrit un nouveau sourire stupide à June avant de replonger dans son boulot. Et pour dire de faire son travail, elle acheva la phrase qu’elle avait laissée en suspens durant son attaque contre l’indésirable bestiole volante. Vite fait, bien fait. Halley rangea ses livres et multiples blocs de feuilles avant de balancer son sac à l’autre bout de la pièce.

« T’as pu te rendormir, toi, hier soir ? Parce qu’à cause de ce fichu moustique, moi, j’ai même pas pu refermer l’œil… »

L’Ange cligna des yeux et enfonça sa tête dans ses oreillers pour étouffer un bâillement. Oui, vous avez bien lu : ses oreillers. Explication ? Vous êtes dans l’incapacité de dire non. Disons qu’Hallelujah est une fanatique des oreillers. Un oreiller est très rapidement devenu insuffisant pour elle, qui ressent désormais le besoin d’en avoir plusieurs. Plus on est de fous, plus on rit !

« Ouais, mais ça n’aura pas duré longtemps. Deux minutes après, on devait se lever. »

Il n’y avait rien à dire, cette nuit avait été terriblement affligeante. D’abord, elle avait abandonné d’étudier, ce qui avait eu pour effet de l’énerver d’avantage. Ensuite, l’ampoule de sa lampe avait grillé au moment où Monsieur Darcy faisait la déclaration de ses sentiments à Elizabeth. Et cette saloperie d’ampoule avait tout gâché, la résignant à laisser cette magnifique histoire de côté. Quelle tragique affaire. Après deux heures de retournements dans son lit, elle avait fini par trouver une place chez Morphée. Et c’est là ! que le moustique entre en scène. Non, mais quel enfoiré celui-là !

C’est vrai, que la tâche de sang dégueulasse sur le mur ressemblait à une tortue. Enfin… Ouais, allez. Elle admettait que ça ressemblait à une tortue.

« Ah ouais. Une tortue. »

Hallelujah passa une main au travers de ses mèches vertes et regarda son oreiller. Elle avait une idée, mais ça n’allait pas spécialement plaire à June. Enfin, elles étaient crevées toutes les deux, elles avaient les nerfs à vif toutes les deux, elles avaient donc le droit de se détendre. Halley saisit son oreiller et le lança sur June. Un léger pof et une revanche qui ne serait attendre. Chacune pour soi !