Une bonne colère vaut mieux qu'une bonne douche. La douche fatigue, la colère apaise...[Henri Jeanson] [SORA 8D] Terminé

Oui, Sora et Akane, ensemble, au niveau des douches des hommes. Amusant, non ? En effet, les deux compères étaient entrés l'un derrière l'autre, l'une encore toute apeurée, tremblante et silencieuse, et l'autre plutôt pressée d'entendre la jeune fille, et ennuyé de devoir raconter son secret. Sachant qu'en plus de tout cela, les deux amis étaient mains dans la mains, comme s'ils étaient un jeune couple cherchant l'intimité... Ah, les apparences...

[Plus tôt]

Une chaleur s'empara des épaules d'Akane alors qu'elle sentit le calme de son voisin l'envahir. Là, doucement, il s'était assis près d'elle, cherchant un contact pas trop embarrassant afin de l'aider du mieux qu'il le pouvait. Sora venait simplement de poser son bras autours de ses épaules, pénétrant dans l'espace vitale chèrement acquis de la jeune fille. Elle fut tout de suite reconnaissante envers le geste du jeune homme, trahissant une certaine prise de responsabilité et l'envie qu'elle ne soit pas en pleure. Pour le moment, elle était encore trop secouer pour s'inquiéter de la proximité même de son beau chevalier. Il attendit un moment avant de lui parler doucement, comme si c'était un secret entre eux. Il lui jura qu'il ne la détesterait jamais, et cette seule promesse redonna le sourire à Akane. Pour elle, une promesse était sacré. Jamais on ne devait revenir sur sa parole. Elle ne mentait jamais, ne voulait jamais de mal gratuitement à quelqu'un et avait un sens absolu envers les principes. C'était une force mais aussi une grande faiblesse. Qui trahissait sa façon de penser l’amenait à être blessé.

Akane reprit donc une certaine contenance, empêchant ses larmes de couler le long de son visage. Elle put se calmer un minimum, peut être un peu trop. Alors, elle aperçut le sourire bienveillant de Sora, et elle reprit pied dans la réalité. La chaleur sur ses épaules devint brûlante, le regard du jeune homme trop pénétrant, le sourire trop ravissant et la proximité trop embarrassante. Le rouge de ses yeux la quitta pour ses joues, et avant qu'elle ne puisse repousser brutalement Sora, chose qu'elle aurait faite dans un temps indéterminé, il se poussa de lui même, attrapant leurs affaires sur la table et lui proposa sa main. S'il n'avait pas rajouter que c'était pour trouver un endroit plus intime pour parler, jamais elle n'aurait accepté de prendre cette main tendue plus de deux secondes. Il ne fallait pas abuser non plus du courage de la jeune fille.

Mais comme c'était simplement pour trouver un endroit, toute arrière pensée disparurent de l'esprit d'Akane et elle se leva, avant de prendre la main tendue de Sora. Elle posa délicatement ses doigts autours de la main de son ami, souriant doucement au monde extérieur. Ensuite, il prit les devants, l'emportant vers une porte. Il se stoppa, comme si finalement, quelque chose le tracassait. Il proposa enfin une destination, et Akane, sans même prendre le temps de comprendre quoi que ce soit, hocha doucement la tête.

"Qu'il en soit ainsi."

[Douches]

Voilà pourquoi les deux étudiants s'étaient regroupés ici, entrant sans un mot dans l'espace réservé aux hommes. Pour remettre dans le contexte, Akane n'avait nullement fait attention à l'endroit exacte où elle avait atterrit. Sûr que sinon, elle serait déjà allongé inerte sur le sol. Elle ne faisait pas attention à l'univers extérieur, et lorsqu'elle fut dans le lieu de providence, elle essaya simplement de détacher son attention de Sora. Bien sûr, personne ne ferait attention à elle. Même si un garçon entrait ici, il n'essayerait pas de savoir si Akane avait sa place ou non ici. Tout d'abord, elle avait les cheveux courts, et était dos à la porte d'où ils venaient. Ensuite, elle avait beau être frêle et assez féminine avec ses mimiques de fille embarrassée, elle était androgyne. On se posait continuellement la question de son sexe généralement jusqu'à ce qu'elle parle ou qu'elle soit prise d'un fort sentiment. En bref, il n'y avait aucun problème de ce côté là, à moins que Sora en trouve un. Il était plutôt doué pour mettre la jeune Ange dans des situations déconcertantes.

Maintenant qu'ils étaient enfin dans un lieu intime, Akane se devait de dire la vérité, toute la vérité, strictement toute la vérité. Avisant un petit banc, elle posa ses fesses dessus, essayant de trouver par où commencer. Elle inspira doucement, puis expira. Enfin, elle posa ses yeux si noirs dans le regard de Sora.

"N'oublie pas, tu n'as pas le droit de me détester. Jamais."

tout d'un coup, elle était devenue bien sérieuse. Refusant d'être détester, elle savait très bien l'effet que lui ferait des sentiments négatifs venant de Sora. Ils seraient dirigés directement vers elle, et elle n'était pas prête à faire face à ce genre de situation. Bien sûr, elle n'avait aucune certitude sur le faite que Sora puisse haïr les créatures non humaine. Mais beaucoup d'humains ne connaissaient par leurs existences, et la peur se faisait souvent remplacer par la haine.

"Je ne sais pas trop comment commencer, alors je vais y aller franchement. Tout d'abord... Si ta croix a brillé ainsi, c'est parce que j'ai un lien spécial avec le symbolisme d'une croix. Dieu, tout ça..."

Akane désigna l'endroit où Sora avait rangé sa croix, consciente que pour le moment, ce qu'elle venait de dire n'avait aucun sens. Mais elle voulait voir venir toute réaction de Sora, et pour cela, elle devait y aller doucement. Sauf qu'être trop lente pouvait devenir énervant, c'est pour cela qu'elle s'accorda une simple pause, histoire de reprendre son souffle.

"Je ne suis pas... Comme toi. Les choses bonnes me rendent plus forte, tandis que les choses négatives me prive d'énergie, de vitalité... Je crois que je pourrais mourir si tout autours de moi, il n'y a que des sentiments de haine et de destruction."

Akane rompit la connexion qu'elle avait établit avec les yeux de Sora, balayant le sol d'un regard, sentant qu'il était dur pour elle ne continuer ainsi. Faire comme elle le faisait, c'était s'exposer aussi. Elle venait de donner ses forces et ses faiblesses, offrant sur un plateau sa vie comme si rien ne pouvait lui arriver. Elle avait trop confiance en la parole de Sora. Elle n'avait juste pas conscience qu'il ne lui ai pas promis de ne pas la tuer.

"Vois-tu, je ne suis pas... Vraiment... Humaine. On m'appelle Ange. Plus spécialement dans mon cas, Ange gardien."

Et elle se leva d'un bon, reprenant la connexion visuel avec Sora, planta ses yeux trop sérieux dans ceux du blondinet. Elle ne savait même pas s'il la croirait. Après tout, elle ne disait que la vérité. Mais il pouvait encore la prendre pour une folle. Dans ce cas, elle avait toujours la lévitation...

Ses paroles calmèrent lentement mais sûrement Akane. Elle reprit contenance, tant et si bien qu’elle finiti par réaliser la situation dans laquelle ils étaient et que son visage reprit cette teinte rouge que Sora avait désormais l’habitude d’y voir. Il se leva alors et lui proposa sa main, qu’elle prit. Il la guida jusqu’à l’extérieur de la salle sans la lâcher, ignorant les regards interrogateurs qui se posaient sur eux. Quand finalement il s’arrêta et lui propose une destination sans vraiment y croire, elle se contenta de lui répondre :

« Qu’il en soit ainsi.
_ Amen, conclut-il en souriant. »

Il repartit en direction de l’escalier, gardant précieusement la main de la brune dans la sienne, comme s’il avait peur de la perdre. En fait, il était assez étonné qu’elle ne se soit pas encore dégagée, brusquement ou pas. Elle qui supportait si mal qu’on la touche semblait très bien supporter ce contact. Il lui jeta un coup d’œil en coin, se demandant ce qu’il lui arrivait. Elle avait l’air apeuré. Ce qu’elle allait lui révéler lui pensait donc tant que ça sur la conscience pour qu’elle se mette dans un état pareil ? Touché par toute cette confiance qu’elle mettait en lui, le garçon resserra l’espace d’un instant sa prise autour de ses doigts fins.

***

Comme prévu, les douches étaient vides. Sora s’était dirigé vers le côté homme, instinctivement, et ce n’est qu’en voyant Akane dans ce décor déplacé qu’il réalisa que ce n’était peut être pas la meilleure chose à faire. Mais, apparemment, la jeune fille était tout à fait à l’aise dans cet environnement inconnu et pas le moins du monde inquiétée par ce qui arriverait si quelqu’un les surprenait ici. Puis il cligna des yeux, et se souvint de sa première pensée en la voyant : fille ou garçon ? Mais oui, elle avait un physique androgyne ! Et si ce déguisement ne survivrait pas à un examen trop appuyé, il ne la trahirait pas au premier coup d’œil. Sora se sentit soulagée. Il avait bien fait de venir chez les garçons ; lui était beaucoup plus difficile à déguiser en fille. Et il imaginait déjà Akane, évanouie, au sol, à cause de l’entrée d’une élève dans la pièce. Non, ils étaient beaucoup mieux ici.

Elle lâcha doucement sa main et alla s’asseoir sur l’un des bancs mis à la disposition des élèves pour qu’ils puissent se dévêtir confortablement. Il fit un geste dans son sens puis se dit que ce n’était pas la meilleure solution de s’asseoir à côté d’elle. En plus de la perturber, il préférait être en face d’elle quand elle lui dirait eh bien… ce qu’elle avait à lui dire. Après une lente respiration, elle planta ses yeux noirs dans les siens.

« N'oublie pas, tu n'as pas le droit de me détester. Jamais. »

Sora fronça les sourcils et hocha la tête, acquiesçant. Il ne voyait pas vraiment en quoi son secret pour faire briller les croix allait provoquer un quelconque sentiment négatif chez lui. À la limite, si elle lui avouait que le produit allait finir par faire tomber l’objet en morceaux, il serait peiné et embêté. Pas de quoi détester quelqu’un. Il lui suffirait de retourner en acheter une et de lui demander de ne plus la faire briller. Avec amusement, il réalisa que Akane était aussi parano que lui.

« Je ne sais pas trop comment commencer, alors je vais y aller franchement. Tout d'abord... Si ta croix a brillé ainsi, c'est parce que j'ai un lien spécial avec le symbolisme d'une croix. Dieu, tout ça...
_ D’accord… »

Il ne savait pas trop pourquoi, mais il sentait qu’il devait parler. Peut être pour la rassurer. Elle avait une expression terriblement sérieuse sur le visage. Intérieurement, la valse des questions reprit. Une nonne ? Une nonne de 17 ans ? Après tout, pourquoi pas, mais comment expliquer que son simple contact fasse briller les croix ? Enfin, en sachant que Dieu existe vraiment, plus rien n’est étonnant. Si ça se trouve, Akane lui était tellement dévouée qu’il lui avait refilé ce pouvoir comme un sorte de « miracle » mais totalement inutile. Ou peut être qu’il se trompait et que ce n’était pas ça. Il l’espérait : nonne à 17 ans, privée de vie avant d’avoir pu gouter à ses délices, quelle tristesse !

« Je ne suis pas... Comme toi, continua-t-elle.

Le blond perdit aussitôt le sourire qui l’avait habillé en imaginant la jeune fille portant une robe noire de bonne sœur et reporta toute son attention sur elle. Pas comme lui, c’est-à-dire ?

_ Les choses bonnes me rendent plus forte, tandis que les choses négatives me privent d'énergie, de vitalité... Je crois que je pourrais mourir si tout autours de moi, il n'y a que des sentiments de haine et de destruction.
_ Oui, tu es quelqu’un de très pur, dit-il. Et de très empathique, il m’a suffit de parler avec toi trente minutes pour le réaliser. »

Si le saint père s’était vraiment chargé de son cas, il n’y avait rien d’étonnant à ce qu’elle soit plus sensible que la moyenne aux émotions négatives. Mais de là à la tuer, c’était un peu exagéré. Même Dieu ne serait pas aussi sadique que ça ! Enfin, peut être que la brune était juste une fanatique un peu trop portée sur la chose. « La chose » signifiant dans ce contexte : la vertu et toutes ces conneries qu’on appelle péchés.

Akane décrocha son regard du sien, préférant de toutes évidences le fixer au sol. Elle allait le dire. Ce qui la perturbait et la reliait à Dieu, elle allait le dire. Et elle ne pouvait pas le regarder en face pour le faire. Sora fronça les sourcils.

« Vois-tu, je ne suis pas... Vraiment... Humaine.

Son cœur s’arrêta de battre. Non, c’était impossible, il avait vérifié avec sa croix ! Mais, avant qu’il n’ait pu se remettre de sa surprise, Akane lui asséna le coup de grâce.

_ On m'appelle Ange. Plus spécialement dans mon cas, Ange gardien. »

Sora resta immobile, figé de stupeur. Il remarqua à peine son mouvement brusque vers lui, ni même ses grands yeux noirs qui sondaient les siens dans l’espoir d’y voir… quoi ? D’y voir quoi ? Il ne savait pas. Ne savait plus. Il était en état de choc. Lentement, son cerveau se remit en marche et analysa une à une toutes les informations qu’il avait en sa possession. Tout d’abord, la réaction normale : le déni. Elle dura une demi-seconde, avant que ses expériences passées reprennent le dessus. Vampires et lycans, pourquoi pas des anges ? Il revit tout. Akane, son air gentil, apaisant, saint. Sa sensibilité extrême, aussi bien physique que mental. Son sourire quand il s’était dit plus ou moins croyant. Et, se superposant à tout ces petits détails jusqu’alors insignifiants, sa croix qui s’illuminait à son contact.

Sora fit un pas en arrière, un deuxième et alla s’appuyer sur l’un des murets qui servaient à séparer les douches. Il posa ses avant-bras dessus et fixa le vide en face de lui, repassant encore et encore les paroles d’Akane dans sa tête.

« Holy crap, finit-il par lâcher, l’anglais reprenant le dessus lorsqu’il était vraiment étonné. Jamais cette expression n'avait été plus appropriée. »

Il appuya son front sur le carrelage froid entre ses bras, essayant de croire que la fraicheur lui ferait du bien. Akane, une ange. L’idée se fit soudain claire et lumineuse dans son esprit. Une ange. Une créature de Dieu, plus que ça, une créature du Bien. Un sentiment de bonheur s’éveilla doucement en lui. Donc il n’y avait pas que des créatures tueuses d’hommes ici bas, certaines les protégeaient également. Car c’était bien le rôle des Anges Gardiens, n’est-ce pas ? Un soulagement le traversa de part en part. Ils n’étaient donc pas seuls.

Après une longue inspiration, le blond se redressa et revint faire face à la jeune fille. Il avait encore une mine hébétée par ce qu’il venait d’entendre, le regard un peu fou peut être. Mais, quelque part vers son cœur, l’alchimie s’était produite. Elle disait la vérité. Il avait confiance.

« Les vampires existent, lâcha-t-il abruptement. »

Pourquoi disait-il ça ? Il ne savait pas, elle lui avait révélé qu’elle n’était pas humaine contre tout instinct de survie. Alors il allait lui dire. Il avait besoin de lui dire, de le dire à quelqu’un. De poser un peu de son fardeau sur d’autres épaules, même si c’était terriblement égoïste de sa part.

Devant son regard interrogateur, Sora se remonta sa manche. Il tremblait un peu sous l’excitation, rendant la tâche plus difficile, mais il finit par la relever entièrement, exposant à la vue d’Akane les deux cicatrices que lui avait fait le premier vampire qu’il avait tué. La marque de ses crocs.

« Les vampires existent, répéta-t-il lentement. »

Il se précipita alors sur sa chemise, défaisant un à un les boutons avec ces mêmes mains tremblantes et gauches, prononçant des morceaux de phrase entre chaque cran ouvert.

« Et… les… lycans… aussi ! »

Les deux pans de tissus s’écartèrent, dévoilant cette fois le coup de griffe qui avait faillit lui couter la vie. Un peu essoufflé, pour une raison inconnue, Sora fixa Akane dans les yeux, attendant qu’elle accepte ses révélations comme il avait accepté la sienne. Si elle voulait connaitre son secret, elle devrait passer par là.

Elle sentait encore la pression de la main du garçon sur ses doigts. Elle sentait encore l'apaisement du jeune homme sur son cœur, son regard confiant sur sa peau. Il la laissa s'installer tranquillement, préférant rester debout devant elle, lui faisant face. Il resta sérieux, l'interrompant simplement pour lui donner une chance de repartir. Il lui donnait des forces en gardant ses yeux bleus dans les siens, en restant impassible. Bien sûr, elle sentait tout de même cette incompréhension, qui devenait de plus en plus aigu au fil de leurs discutions, de son monologue. Elle acquiesça plusieurs fois, consciente qu'elle n'en avait pas besoins. Elle se savait ainsi. Si facile à deviner. Mais si difficile à percevoir comme véritablement si sensible, ou si tout cela n'était que comédie. Après tout, pourquoi pas ?

Dès qu'elle annonça sa condition non humaine, elle le sentit s'éloigner d'elle, devenir si distant que son propre cœur se comprima. C'était si difficile de se sentir exclue. Pire, dès qu'elle déclara sa position angélique, il se stoppa, avant de faire un, puis deux pas en arrière. Il n'avait pas fait que s’éloigner mentalement, il venait de mettre une distance physique entre eux. Akane s'injuria mentalement, laissant ses yeux la piquer. Elle n'aurait pas dû. Elle aurait pu simplement se taire. Dire que ce n'était pas possible de lui expliquer. Elle aurait pu simplement dire qu'elle ne le pouvait pas, qu'un jour peut être elle lui dirait, que ce n'était pas si important, simplement pour sa propre survie. Mais c'était mentir, mentir par omission, peut être, mais mentir quand même. Ne pas dire la vérité, ou cacher des choses à une personne vous faisant confiance au point de vous raconter son propre passé apparemment si dur... C'était tout simplement impardonnable. Elle n'avait pas eu le choix. Ou plutôt, elle avait fait le meilleur choix possible. Simplement, même le meilleur choix n'était pas le bon.

Alors qu'elle s'enfonçait ainsi dans les ténèbres d'une triste sans lumière, elle ressentit comme de l'apaisement, de la quiétude devant elle. Relevant la tête qu'elle n'avait pas mémoire d'avoir baissé, elle capta le corps en mouvement de Sora, qui revenait vers elle. Le soulagement du jeune homme l'emplit à son tour. Il paraissait encore un peu sus le choc, mais au moins, il lui faisait face, et n'avait pas l'air hostile. Il s'approcha jusqu'à vomir une phrase, comme si cela était la conclusion même du monologue d'Akane.

Elle savait cela. Elle le savait, mais elle acceptait le monde comme il l'était. Oui, les vampires étaient des créatures maléfiques. Certaines d'entre elles ne feraient pourtant pas de mal à une mouche, Akane en était certaine, peut être par naïveté. Alors qu'il disait ses mots, il approcha une de ses mains de sa manche, la relevant difficilement et exposant à la vue de l'Ange des marques de crocs, des cicatrices. Puis, il s'attaqua au reste de sa chemise, emportant la pudeur avec lui, se révélant si pur devant elle. Son peau se détacha nettement. Elle vit des cicatrices, trop profondes, trop cruelles. C'était comme si elle parvenait à ressentir une part de la douleur qu'avait pu percevoir Sora.

Elle commença à trembler. Elle trembla. Resserrant ses bras autours de son corps, elle n'avait d'yeux que pour les cicatrices de son vis-à-vis. elle n'était même plus embarrassé par la proximité du jeune homme, ni même par le fait qu'il soit découvert devant elle. Non, elle ne voyait pas encore son corps en entier, obsédé par ces chaires trop blanches. Con trôlant comme elle le pouvait sa voix, s'obligeant à relachr ses bras, elle approcha ses mains devant elle, et en sans détacher son regard des boursouflures, elle murmura.

"J'ai... Le droit de toucher ?"

Peut être pour savoir si elles étaient vraies, peut être juste pour passer à autres choses. Une seule chose était sûr. Dès qu'elle n'aurait plus conscience de la souffrance passé de Sora, ce qui risquait de ne pas arriver de si tôt, Akane sera obligé de voir le reste du corps de garçon, et c'était une évidence, elle ne tremblerait plus pour les mêmes raisons. Oh, il y avait une chance sur un million qu'elle ne reste pas longtemps obsédée par le corps fins et adorables du notre blondinet international... Mais, déjà, ce ne serait plus très drôle, et en plus, elle se souviendrait sans doute de tout les contacts qu'elle avait pu avoir avec le jeune homme, et s'en était sûrement finie d'elle pendant environs quelques heures. Mais nous sommes encore bien loin de ce genre d'attitude.

En effet, Akane tremblait encore, les mains jointes, les doigts crispés, simplement devant elle, à quelques centimètres du corps de Sora. Elle essayait de lever les yeux vers lui, mais elle ne parvenait qu'à envoyer des coups d’œil rapide. De plus, sa respiration était devenue saccadée. Si elle restait ainsi pendant encore quelques minutes, elle était certaine de faire de l'hyperventilation et de tomber dans les pommes. Pour ne pas rendre facile les choses, elle commençait véritablement à perdre le contrôle, complétement obnubilé par les preuves d'une douleur physique. Pas forcement la pire des souffrances, mais vu la réaction du jeune homme, il devait y avoir une cicatrice psychique aussi.

"C'était pour ça... La croix."

Ah, même complétement au bord d'un malaise, elle parvenait encore à réfléchir. Douce Akane, que vous êtes intelligente.

[Raahouu, j'adore <3 Mais tu réponds trop vite >< J'ai même pas le temps d'être contente de moi que tu m'fais déjà baver d'envie de répondre ><]

Akane ne semblait pas surprise plus que ça. Elle savait. L’existence des vampires et des autres créatures de la nuit ne lui étaient donc pas inconnue ? Il se sentit idiot de l’avoir envisagé ; c’était une Ange, une créature non-humaine, elle devait être mieux placée que lui pour savoir ce qui rôde dans les couloirs. Néanmoins, son expression changea du tout au tout quand Sora lui dévoila ses cicatrices. Ce qui, à la base, n’était qu’une preuve pour appuyer ses dires venaient de se transformer en véritable arme à double tranchant. Elle tremblait. Ses yeux révulsés fixaient avec horreur le coup de griffe qui lui balafrait le torse. Sa première rencontre avec un lycan, il ne l’oublierait jamais. Éventré et assommé d’un seul geste puissant, il avait cru que la bête allait lui dévorer les entrailles alors qu’il était encore vivant. Cette peur viscérale qu’il avait ressentit à cet instant précis, jamais il ne l’avait à nouveau côtoyée. Quand un monstre poilu vous tombe dessus sans prévenir, ça fait toujours son petit effet, surtout si on n’est pas au courant de son existence. Dans les nombreux combats qu’il avait mené ensuite, cette surprise de voir une créature mythique ne s’était jamais reproduite. Et la peur, celle qui surmonte votre instinct de survie et vous cloue au sol de tout son poids, elle n’était jamais revenue.

L’ange tremblait si fort, il aurait pu entendre ses os s’entre choquer. Sora réalisa alors que se remémorer de tels évènements aux côtés d’une personne profondément empathique n’était pas très recommandé. Il voulu se rattraper mais ne trouva pas non plus comment ; penser à l’évènement le plus heureux de sa vie, genre expecto patronum ? Il n’était pas sûr d’y arriver, ni que ça soit très efficace. Et puis, c’était sa tête et ses souvenirs. Si l’on n’avait plus le droit de se faire du mal en se rappelant des trucs tristes, où allait le monde ! Akane referma ses bras sur son petit corps secoué de tremblements. Il se sentait désolé pour elle mais impuissant à l’aider. D’ailleurs, vu son regard choqué, il se doutait que ses mots puissent l’atteindre. Le mieux restait sans doute d’attendre qu’elle s’en remette seule.

Relâchant du mieux qu’elle pu son étreinte, elle ramena ses mains devant sa poitrine et fit un pas dans sa direction. Sora s’étonna muettement qu’elle vienne vers lui, apparemment pas plus dérangée que cela par leur proximité et son caractère relativement dénudé. Ok, il avait juste entrouvert sa chemise. Mais pour une personne qui frôle l’évanouissement quand on lui touche la joue, ça fait beaucoup. Alors, elle lui demanda une chose qui se trouvait, sans conteste, dans le top 10 des choses qu’il s’attendait le moins à ce qu’elle lui demande.

« J’ai… le droit de toucher ? dit-elle dans un murmure. »

Elle n’avait même pas levé les yeux vers lui, comme si son champ de vision était entièrement et totalement rempli par la peau plus claire qui dénotait sur son ventre doré. Ses doigts étaient à quelques centimètres de lui, tremblants mais attendant visiblement son accord. Avant toute chose, il se dit : pourquoi ? Pourquoi vouloir toucher quelque chose comme ça, d’aussi laid et disgracieux ? C’était immonde, un souvenir empli de haine et de souffrance gravé à même la chair. Pourquoi une ange voudrait se salir en touchant une chose pareille ? Possédait-elle une sorte de pouvoir qu’elle voulait appliquer ? Comme celui de lire la mémoire des objets, ce genre de trucs que l’on voit à la télévision ? De nombreuses autres hypothèses lui vinrent à l’esprit, aussi farfelues les unes que les autres. Et puis Akane leva son regard noir sur lui. Elle avait l’air paniqué. Sa respiration était rapide, saccadée, comme si elle peinait à trouver de l’air pour se remplir les poumons, ses coups d’œil obliques et imprécis et son état en général alarmant. Alors Sora oublia tout, ces questions inutiles sur ses pouvoirs et intentions et ne pensa qu’à une chose : la calmer. Il attrapa ses mains, toujours tremblantes, et les posa sur sa poitrine. Il ne la lâcha pas, la gardant de force à son contact.

« Ça va mieux ? demanda-t-il, inquiet. »

Il eu l’impression que oui, mais elle ne lui répondit pas pour autant, apparemment perdue dans ses pensées.

« C'était pour ça... la croix.

Ah, en plus d’être extrêmement sensible elle était lunatique. Super. Mais là n’était pas le sujet :

_ Oui. Je suis devenu comme qui dirait… un peu parano avec les années. »

Il essaya de faire passer ce trouble de la confiance comme quelque chose de drôle, mais lui-même avait du mal à y croire. Après tout, ça n’avait rien de marrant. Sora était juste incapable de parler à quelqu’un sans se méfier de lui. Bien sûr, à ce stade de leur relation, son interlocuteur pouvait bien être le pire meurtrier vampirique de tout les temps qu’il n’en avait rien à faire. C’est après que les choses se compliquaient, quand l’« amitié » débarquait. Ou, pire, si la personne était un proche de Kazuki ou de Reimei. Très peu de gens avaient pu s’approcher de ses frères et sœurs sans passer par l’un de ses tests et les rares privilégiés ne perdaient rien pour attendre. Non, sa peur maladive n’était absolument pas comique. Ou vue de l’extérieur, peut être. Lui qui la vivait tout les jours, il était usé et exténué. Il aurait voulu ne rien savoir, être aussi ignorant et heureux que son frère. Si seulement il n’était pas allé à la superette ce soir là… Sora poussa un soupir. Avec des « si » on mettrait New York dans une canette de coca.

« Navré de t’avoir obligé à passer mon test, au fait. Tu comprends, je ne peux pas laisser n’importe qui approcher de mon frère ou de ma sœur, lui expliqua-t-il sans la quitter des yeux. Je ne voudrais pas qu’il leur arrive la même chose qu’à moi.

Il réalisa soudain la bêtise de sa dernière phrase. Et à Reimei, hein, il lui était arrivé quoi ? Il se mordit la lèvre, resserrant sa prise sur ses mains froides.

_ Même si pour certain c’est trop tard, souffla-t-il. »

Spoiler:

Il enroula simplement ses doigts autours des siens et les plaqua contre sa poitrine. Là, elle put doucement faire courir ses doigts sur la peau nu de Sora. Elle caressa les plaies, comme si elle pouvait les effacer. Comme si elle pouvait simplement, d'un passage délicat, faire oublier toutes les souffrances du jeune homme. A côté de cela, elle avait enfin pu contrôler sa trop grande empathie. Elle avait oublié un instant les souffrances qui remontaient de la conscience de son vis-à-vis, concentrée sur les boursouflures blanches. C'était impressionnant. Du blanc sur une peau finement bronzé. Des marques appuyés sur un corps si jeune. L'Ange continua de faire rouler la peau sous ses doigts, s'empreignant des contours des plaies. Elle ne regarda pas un seul instant Sora, laissant son regard suivre le parcourt de ses mains. Puis, elle attrapa elle même les mains de Sora et le força à suivre le même parcours. Après quelques minutes, elle relâcha son attention des marques de Sora, retirant doucement ses doigts de sa peau, mais gardant les mains du jeune homme dans le siennes. Elle capta le regard bleus de son ami avant de lui répondre.

"Je suis désolée de t'inquiéter ainsi tout le temps. Je n'ai jamais vécue en communauté et il y a bien des choses que je ne comprends pas."

Il y avait de cela, et aussi un certains symbolismes. Elle vouait comprendre. Comprendre comment on pouvait en arriver là. Comment un garçon de l'âge de Sora se trouvait affublé de telles marques, d'un tel passé et d'une traînée de sang et de haine sur son passage. Elle avait été affolée par la violence qui découlait des mots et des cicatrices de Sora, mais aussi par son aura. Elle n'avait jamais eu autant conscience de la distance entre sa vie d'avant et la vie humaine, ici. Elle avait été tellement protégée, encerclée par ses parents, enfermée dans sa propre demeure. Elle n'en avait jamais été aussi consciente, et quelque part, elle s'en voulait.

De nouveau, une certaine tristesse perça dans la voix de Sora. Il essayait de blaguer, mais ne se persuada même pas lui même. En aucune façon il ne réussirait avec Akane dans ses conditions là. Elle comprenait à l'instant la lassitude de son compagnon. Il déchargea toute sa fatigue sur ses frêles épaules, et bien qu'elle ne ressente pas physiquement le poids de sa souffrance, elle fléchit les genoux sans le vouloir. Elle gémit doucement, fermant les yeux avant de prendre une respiration lente. Elle les rouvrant elle fit face au regard déroutant de Sora. De nouveau, il avait l'air de se reprendre. Comme s'il avait fait une erreur. Il s’agrippa à ses mains, comme si c'était la dernière chose qui le retenait à ce monde en cet instant.

Akane lâcha une des mains de Sora, afin de la poser sur sa joue. Puis, elle laissa courir ses doigts sur la mâchoire du jeune homme, remonta le long de sa pommette, atteint le front tendu de garçon. Alors, elle laissa sa main retomber, la posant dans la main qu'elle avait lâché l'instant d'avant. Pendant tout ce temps, elle s'était laissé emplir d'un sentiment de plénitude, de calme plutôt que de joie. Simplement, elle voulait être sereine. Elle sourit doucement, ne sachant pas si elle avait pu transmettre ses sentiments à son compagnon.

Étrangement, la douleur soudaine et l'intimité du lieu conféré à Akane une certaine maîtrise d'elle même. Sûr que dès qu'elle aurait de nouveau une conscience aiguë de se qui l'entourait, elle serait rouge pivoine et s'effondrerait sur le carrelage froid. Ou peut être qu'elle ne prendrait conscience de tout cela qu'une fois dans sa chambre. Pour le moment, elle était simplement redevenue l'Ange qu'elle avait toujours été avec ses parents. Simplement comme un être éthérée, distante mais proche, lumineuse mais pas éblouissante.

La jeune fille reposa ses fesses sur le banc, sans lâcher un seul instant et les mains de Sora, et ses yeux. Après encore un instant elle reprit enfin la parole, doucement, murmurant encore, comme si élevé la voix pouvait casser la bulle qu'elle essayait de mettre en place autours deux. Ce n'était bien sur pas une bulle tangible, mais plutôt un cercle qu'elle s'imaginait dans sa tête. Comme si elle pouvait arrêter le temps à l'extérieur afin de parler plus librement avec Sora.

"Raconte moi... S'il te plaît."

Et elle sut à cet instant qu'il n'y avait pas de marche arrière. Ils venaient de se lier pour l'éternité. On ne partage pas impunément ce genre de secret. Et le plus souvent, le soulagement qui en découle et à double tranchant...

[Et comment que ça me plait ! <3 Saleté ! <3 / Effectivement, on passe du je t'aime à je te hais <3 Mais c'est pour encore plus nous aimer <3 #PAF#]

« Je suis désolée de t'inquiéter ainsi tout le temps. Je n'ai jamais vécue en communauté et il y a bien des choses que je ne comprends pas. »

Sora ne dit rien, avalant plutôt sa salive de travers. Elle avait fait courir ses mains sur sa peau, caressant chaque contour, chaque cicatrice avec le plus grand soin. Pas une seule fois ses yeux ne s’étaient levés vers lui, préférant contempler ses multiples balafres. Il ne comprenait pas pourquoi elle faisait tout cela, mais le temps n’était plus à la compréhension. Ils étaient hors du temps. Ses mains étaient chaudes et douces, un peu chatouilleuses par endroit sans que ça en soit désagréable, légères et sûres à la fois, même si elles découvraient ce corps que, aux dernières nouvelles, elles n’avaient jamais parcouru jusque là. C’était un sentiment étrange, entre la gêne et le plaisir. Bien sûr, le blond avait connu bien des caresses avant celles là, mais il les avait toutes reçues au minimum après avoir commencé à sortir avec la fille. Elles étaient officielles, normales. Celles là étaient juste… inattendues. Akane saisit alors ses mains et les força à suivre la même voie que les siennes précédemment. Il ne résista pas, étant passé au de-là du « pourquoi ? » qui avait rythmé chaque geste de ses trois dernières années. Les boursouflures familières glissèrent sous les bouts de ses doigts. Les années ne les avaient pas effacées, pas plus que ses souvenirs, elles n’avaient fait qu’atténuer la douleur qui les accompagnait. Cela dura longtemps. Plusieurs minutes qui auraient aussi bien être des heures tant la mémoire de Sora était bouleversée, des flash back se déversant en lui par intermittence. Mais il se força à ne pas s’y attarder, pas avec elle si proche de lui. Finalement, l’ange avait fini par lever les yeux et lui adresser cette phrase d’excuse, leurs mains toujours entremêlées. Le garçon se contenta de hocher la tête.

Sa réplique suivante n’eut pas l’effet escompté. Il l’avait voulue joyeuse, marrante, mais il avait juste réussi à lui donner un air faux. Sa forcer à rire n’avait jamais été son truc, il le réalisait maintenant. La douleur de Akane fut brusque, pourtant. Soudaine comme si l’on venait de lâcher une charge de plusieurs kilos sur ses frêles épaules. Elle fléchit les jambes, gémissant sourdement et Sora fit un geste vers elle pour la soutenir. Elle s’immobilisa avant que ses doigts ne touchent son épaule et rouvrit les yeux après une lente inspiration. Apparemment, elle allait mieux. Il se dit que, tout de même, elle était trop réceptives aux émotions des autres. Il devrait songer à se renseigner un peu plus sur les pouvoirs de sa race.

Même ses excuses furent pitoyables. Quand il serra sa main, sous le choc de la colère et de la culpabilité mêlées, la brune lui sourit doucement. Il pensait être un grand garçon, solide et fier, et le voilà qui se faisait réconforter par une fille qui faisait une demi-tête de moins que lui. Pas de trace de honte, pourtant, seul le calme d’Akane semblait se distiller dans ses veines. Puis elle leva une de ses mains. Elle parcouru son visage ; son front, ses tempes, ses pommettes, sa joue. Quand elle s’y immobilisa imperceptiblement, Sora crut qu’elle allait l’embrasser. Il ne savait pas pourquoi. Le fait que leurs regards ne se soient pas quittés ou la tendresse de son geste, peut être. Ça n’aurait pas été un baiser d’amour, mais quelque chose de plus simple. Juste le partage d’expériences vécues et subies. Le sentiment de ne plus être seul. Ses yeux s’attardèrent un instant sur ses lèvres rosées avant qu’il ne se reprenne. Akane n’avait jamais traversé les mêmes épreuves que lui, elle les avait juste vécues par procuration à travers ses sentiments. De plus, c’était la colocataire de sa sœur et il n’avait jamais été particulièrement attiré par elle. Décidément, les tournures de ses pensées était bien étrange, même pour lui.

Quand il la fixa à nouveau, elle avait l’air grandi. Il ne se l’expliqua pas mais ce n’était plus la même femme devant lui. La brunette timide et maladroite était devenue une personne douce et, d’un certain côté, lumineuse. Il se demanda si c’étaient ses traits angéliques qui refaisaient surface. Elle le guida jusqu’au banc sans le lâcher et s’assit dessus sans heurts, dans un geste fluide et continu. Ses yeux noirs étaient sans fond. Il le demanda ce qui y brillait sans en trouver la réponse. Il respira lentement quand elle lui dit, d’une voix tenue et sereine :

« Raconte moi... S'il te plaît.

Oh… il avait presque oublié pourquoi ils étaient ici, trop obnubilé par les derniers évènements. C’était vrai, il lui avait promis de lui révéler son secret en échange du sien mais il avait tant de choses à lui demander avant…! Mais Sora Launay ne revient jamais sur sa parole et, même s’il rechignait à le faire, il devait le lui dire. Sa curiosité attendrait.

_ … oui, mais promets moi que tu me parleras de toi ensuite ; il y a tellement de choses que je voudrais savoir sur les gens comme toi…! »

Soudain mal à l’aise, il changea d’appui sur ses jambes. Il pensa à lâcher ses mains mais le soutien qui s’en dégageait était trop précieux pour le quitter si facilement. Le blond était mal installé, à rester debout de la sorte. Se poser à côté d’elle ? Non, il voulait pouvoir la voir. Alors il se laissa tomber au sol, assis en tailleur, les poings posés sur ses genoux à elle. Ils étaient si proches qu’il aurait pu y poser la tête également, comme pour s’endormir et partir dans un long rêve. Ses yeux se fixèrent d’eux même sur leur étreinte et il passa un moment à comparer les différences de teintes de leurs deux peaux avant de se décider à parler. Cette distraction le soulageait. Ce qu’il avait à dire n’était pas évident à formuler. Par où commencer ? il lui semblait que cette traque durait depuis des décennies. Par le début, sûrement.

« J’ai été attaqué par un lycan quand j’avais 14 ans. Comme tu l’as vu, j’ai failli y passer, dit-il en posant une main évocatrice sur la plus impressionnante de ses cicatrices. Un homme m’a sauvé et c’est lui qui est ensuite devenu mon maître ; il m’a appris tout ce que je sais aujourd’hui sur les êtres surnaturels.

Il fit une pause, hésitant à évoquer le sujet d’Hikari. C’était une organisation secrète et même si, pour la majorité des vampires et lycans, elle faisait partie du quotidien ce n’était pas le cas de tous. De plus, avouer à une créature non-humaine qu’il en faisait partie pourrait lui coûter la vie. Sora jaugea un instant Akane du regard ; sérieusement, comment se méfier de quelqu’un comme elle ? Elle semblait - et était probablement - totalement inoffensive. Alors il décida de parler, mais sans non plus donner trop des détails.

_ Il faisait partie d’une organisation qui chassait les lycans mais également les vampires - c’est comme ça que j’ai appris leur existence - et il m’a formé pour que je devienne un… chasseur, tout comme lui. C’est ainsi que j'ai récolté toutes mes autres cicatrices.

Maintenant ses actions passées lui semblaient terriblement cruelles et injustifiées, surtout énoncées ainsi sous le regard d’un Ange. Dire que, à l’époque, il y croyait dur comme fer…

_ Bien sûr, je me suis fais de nombreux ennemis et c’est de là que découle mon secret : un jour, l’un d’eux a voulu se venger. »

La douleur était trop forte et il ferma les yeux pour la comprimer. La tristesse, la culpabilité, la colère, la haine, tout ces sentiments trop puissants se battaient en lui au fur et à mesure qu’il parlait, exposant à la vue de tous des blessures déjà anciennes et néanmoins infectées. S’il disait un mot de plus, il allait exploser. Alors, réprimant un gémissement qui aurait été bien peu viril à un orgueilleux comme lui et serrant ses mains comme un naufragé une bouée, il appuya son front contre les genoux d’Akane, enfouissant son visage et les larmes qui voulaient y perler dans un endroit où elle ne pourrait les voir.

Spoiler:

Il lui fit promettre de parler d'elle par la suite, de sa nature, de ses expériences, des êtres de sa race. D'un sourire, elle promit, puis elle joignit la parole à l'acte, elle murmura distinctement qu'elle serait prête à le faire, et ce, avec plaisir. Après tout, c'était une façon pour elle de pouvoir parler librement de chose dont elle ne pouvait pas le reste du temps. Elle aimerait sans doute beaucoup parler de son monde à elle, de ses parents, de sa chambre, de ses habitudes, des choses qu'elle avait pu apprendre. Sans doute serait-il déçue du peu de savoir qu'elle pouvait tenir de bien des choses, et du manque d'exotisme qu'avait le monde d'Akane. Elle, elle serait certainement chamboulé par la suite pour avoir tant donner, et s'être rappeler de sa vie, avant. Mais elle était prête à le faire, parce qu'elle avait promit.

Il s'affala au sol, posant ses bras sur ses genoux à elle. Il resta un long moment à regarder leurs mains, et Akane n'y trouva rien à redire. Tout d'abord parce qu'il lui semblait normal que ce genre de chose prenne du temps à se dire, et aussi parce que c'était à son tour de parler, et qu'il avait respecté le temps d'adaptation de la jeune fille. Et puis, elle était respectueuse et patiente de nature. Elle-même fixa un instant leurs mains, cherchant le symbolisme de ces deux membres joints. Le lien qui les unissait n'était pas simplement physique. Même lorsqu'ils iraient chacun de leurs côtés - ce qui pour le moment était inimaginable - il resterait toujours un lien entre eux. Akane savait que si elle avait un soucis, si elle voulait parler, elle pourrait prendre contact avec Sora. Et elle savait aussi que dorénavant, elle voulait protéger Sora des souffrances qu'il avait pu subir. Bien sûr, cette protection n'était pas aussi grande que ce qu'elle ressentait pour Reimei. C'était largement différent. Tout d'abord, la blondinette était sa protégée, elle n'en avait pas eu le choix, et elle ne le regrettait pas. Ensuite, s'il lui arrivait quelque chose, elle se savait plus morte que vive. Le lien qui l'unissait à Sora était autre. C'était tout simplement par affection qu'elle en était venue à cette conclusion. C'était son choix, son seul choix. Et s'il arrivait quelque chose de malheureux à Sora, elle pourrait s'en vouloir autant que possible, sa propre vie ne serait pas en danger.

Il commença enfin son récit, commençant simplement par le commencement. Il parla de lui avec détachement, comme s'il contait une histoire qui ne le concernait pas.C'est par la suite qu'il commença à donner des inflexions à sa voix, insistant sur certains passages, laissant plus de temps après certains mots. De plus, il commença à se juger lui même, devant les yeux de l'Ange. Pour le moment, elle ne ressentait pas trop l'hésitation marqué de Sora sur le fait que cela soit juste ou pas. Du même temps, elle ne s'autorisa aucune critique, ni même un seul jugement. Bien sûr, elle avait du mal à supporter la violence et la haine. Mais elle était consciente du fait que d'autre pouvait le supportait et en faire de même. Et puis, elle n'était pas à la place de Sora, n'avait jamais vécue ce qu'il avait vécu -certaines choses par son empathie - et n'avait jamais eut envie de tuer quelqu'un. Ni même de blesser ou de faire souffrir.

Alors qu'elle commençait à redouter un passage trop chargé d'émotion, Sora lâcha ses derniers mots et emplit l'air de trop de chose pour la jeune Ange. Elle se prit de plein fouet de la haine, de la colère, beaucoup de culpabilité, de la souffrance brute... Il s’agrippa fermement aux mains de l'Ange qui elle même serrée très fort les mains de Sora sous le coup des émotions. Puis il laissa sa tête tomber sur les genoux de la jeune fille, laissant son visage couvert. L'Ange resta un moment immobile, tout son corps en alerte, ne pouvant même plus respirer. Trop de sentiments négatifs lui tombés sur le cœur ainsi que sur les poumons. Respirer pouvait la faire souffrir, mais elle ne pensa même pas à prendre une inspiration. Elle essayait vainement de focaliser la souffrance autre part. Tout e quelle ressentait, ce n'était pas d'elle, c'était Sora. Elle devait donc penser à lui.

A grand peine, tandis que ses sourcils se fronçaient afin de ne pas avoir de réaction aussi larmoyantes qu'à son habitude, la jeune fille trouva le visage du jeune blond entre ses doigts, et doucement, elle le tira vers elle. Elle n'avait pas détaché ses mains ce celle de Sora, et emmena donc mains et visage par la même occasion. Lorsqu'elle put enfin apercevoir le visage du garçon, elle réprima le plus possible toute la souffrance qui l'envahissait, et arrêta de froncer le sourcils. Elle planta son regard profond dans celui qui fuyait de Sora, et après avoir tenter de respirer, elle souffla doucement.

"Je ne peux pas te demander d'arrêter de faire cela. Déjà parce que tu ne contrôle pas les sentiments qui t'habitent, et ensuite parce que tu ressens ce que tu souhaites. Par ailleurs, je pense qu'il est bon pour toi de pouvoir extérioriser ce genre de sensations négatives. Peu m'importe de te voir pleurer, de te voir hurler, de te voir comme tu semble le penser faible. Selon moi, il n'y a pas plus faible celui qui ne peux montrer ce qu'il ressent vraiment. Il n'y a pas plus courageux que celui qui fait face à ses sentiments, que celui qui se montre honnête avec lui-même."

Elle ne parla pas de sa souffrance à elle. Elle savait qu'elle était en lien avec celle de Sora, et qu'au moment ou celui-ci serait calmé, ce ne serait plus qu'un mauvais souvenirs. De plus, elle n'était pas égoïste, elle pouvait très bien souffrir un peu pour Sora. Souffrir un peu pour lui. Elle n'en avait pas l'habitude, ce n'était pas agréable et elle ne le vivait pas simplement pour savoir la vérité sur Sora. Elle le faisait parce que c'était son choix et parce que partager sa souffrance était peut être mieux pour tout le monde. Sora avait besoins d'être épaulé, même si c'était par une petite brune androgyne, pleurant tous les quarts d'heures et rougissant à chaque geste masculin. Elle était une Ange. Et avant d'être une Ange, elle était elle même. Akane Hirogami, 17 ans, prête à tout pour voir sourire ce blondinet là. Mais un vrai sourire. Pas un de ce qui cache une tristesse forte et un masque de haine féroce.

"Il est évident que je ne trouve pas juste le fait de chasser et de tuer tous les êtres surnaturels de cette planète. Comme dans toutes races, il y a des bons et des mauvais. Il y a biens des humains meurtriers, des humains voleurs, des humains menteurs. Mais, je ne jugerais pas tes actes, Sora. Ce que je pense moi est différent de ce que tu penses toi pour plusieurs raisons. Nous sommes différent. Notre être, notre passé, nos expériences. Je ne pourrais sans doute jamais comprendre pleinement ce qui fait que tu es ainsi, et ce qui fais que tu agis ainsi. Je ne t'encouragerais pas dans cette voie, mais je ne peux pas non plus t'y extraire. Tu es libre de faire ce que tu veux Sora..."

Doucement, elle se détendue, laissant place au calme qu'elle peinait à mettre en place. Elle ressentait encore fortement les sentiments de Sora, mais elle en faisait abstraction le plus possible.

"Même si cela te fait souffrir et fait souffrir les autres..."

Bien sûr, elle voulait qu'il continue son récit. Elle n'était pas sûr qu'il prenne bien sa prise de position. Pour le moment, elle ne savait pas quoi penser réellement. Elle n'aimait pas l'idée de tuer des êtres, ni l'idée de vengeance. Mais elle ne voulait pas non plus juger cruellement et froidement Sora. Il n'avait pas raison, mais il n'avait pas entièrement tort. C'était mal de faire ce qu'il faisait, mais il pensait que c'était juste. Certains pouvait penser qu'il s'était écarter du droit chemin. Pas Akane. Elle ne voulait pas de souffrance, de violence et de sang, mais elle comprenait qu'un monde sans ces choses n'existaient pas. Elle ne pouvait pas empêcher tout, mais elle pouvait toujours adoucir au maximum les vies autours d'elle.

Elle ne pouvait en vouloir à Sora, mais elle ne pouvait pas non plus en rester là. Lui demander d'arrêter serait simplement idiot, mais ne pas lui demander était impossible. Il devait sûrement y avoir un compromis, et elle le trouverait.

Bien qu'elle ne sache pas encore tout.

[Et voilà ! C'est un peu du grand n'importe quoi, avec une prise de position difficile et encore ambigüe ! Mais bon, c'est Akane, c'est une Ange et je suis ainsi, toujours à hésiter xD]

Akane lui compressa les mains, réveillant une douleur sourde dans ses jointures. C’est qu’elle avait de la force, mine de rien ! Malgré le bouleversement qui était le sien, Sora ne pu s’empêcher de noter de point intéressant ; vu son corps frêle, il était impossible que cette force soit naturelle. Alors même les anges étaient physiquement supérieurs aux humains, hein ? Un pauvre sourire étira les lèvres du blond, mais elle ne pouvait le voir cacher dans ses genoux de la sorte. Il renifla et ferma les yeux pour retenir les larmes qui voulaient s’en échapper. Bien tenté mes jolies, mais il n’avait pas pleuré depuis trop longtemps pour laisser les premières venues dicter leur loi. Depuis quand, exactement ? Ça devait faire trois ans. Lorsqu’il avait tué pour la première fois, il s’était vidé toutes les larmes de son corps et de tout le contenu de son estomac. Un moment peu glorieux mais qu’il n’avait jamais pu oublier, même s’il l’avait souhaité. Lorsque Reimei s’était faite mordre, il n’avait pas pleuré. La culpabilité n’était pas encore là. Il lui avait fallu un moment avant de réaliser que c’était de sa faute si elle en était là et, de même, la tristesse n’était arrivée qu’après. D’abord animé par la colère et la rage, ce n’est que l’usure dû à une lutte vaine et sans espoir qui avait fait naître cet irrépressible serrement de cœur en lui. Certains appelaient ça le désespoir, lui se contentait de dire que ce n’était qu’un petit passage à vide. Un indice, un soupçon de preuve et il était reparti.

Le contact de ses propres mains et de celles, plus douces, d’Akane sur ses joues lui firent ouvrir les yeux. Elle lui fit lever la tête, le forçant à exposer aux yeux de tous son air torturé et ses yeux embués de larmes. Sora se demanda, dans une faible tentative de distraction, si la jeune fille adorait juste prendre son visage entre ses mains, vu le nombre de fois où elle l’avait fait dans un laps de temps si court. Elle avait également les yeux pleins d’eau et les sourcils froncés pour l’empêcher de couler. La scène fit rire le garçon ; belle paire de morveux que la leur. Son sourire fit perler des larmes aux coins de ses yeux et il se contraint aussitôt à la neutralité pour éviter qu’elles ne débordent. Le front de l’ange se détendit doucement, ses sourcils retrouvant leur place d’origine et Sora détourna le regard pour ne pas risquer à nouveau de pleurer par inadvertance. C’était hors de question et d’autant plus devant une fille ! Une respiration laborieuse gonfla la poitrine d’Akane, son souffle agitant ses mèches blondes.

« Je ne peux pas te demander d'arrêter de faire cela. Déjà parce que tu ne contrôle pas les sentiments qui t'habitent, et ensuite parce que tu ressens ce que tu souhaites.

Heureusement que ne lui demandait pas, ç’aurait été lui demander l’impossible. Il avait beau être entrainé à tuer sans compassion, il n’en était pas pour le moins devenu une machine ; les sentiments pullulaient en lui comme les fleurs au printemps. Bien sûr, il était navré d’imposer tout cela à sa compagne, elle que les sentiments négatifs mettaient apparemment en danger, mais comment faire autrement ? Lui raconter son histoire par téléphone, de façon à être aussi loin d’elle que possible ? C’était ridicule et il se doutait que cela change quelque chose à sa perception émotionnelle. Autant dire les choses en face, quitte à en souffrir.

_ Par ailleurs, je pense qu'il est bon pour toi de pouvoir extérioriser ce genre de sensations négatives. Peu m'importe de te voir pleurer, de te voir hurler, de te voir comme tu sembles le penser faible. Selon moi, il n'y a pas plus faible celui qui ne peux montrer ce qu'il ressent vraiment. Il n'y a pas plus courageux que celui qui fait face à ses sentiments, que celui qui se montre honnête avec lui-même.

Cette fois, il ne pu s’empêcher de sourire. Il fixa un instant la jeune fille devant lui, un sourire purement amusé aux lèvres. Il leva un bras et essuya ses yeux humides sur sa manche, sans se départir de sa mine joyeuse. Décidemment, cette fille était trop mignonne. Et naïve également, mais c’est ce qui faisait son charme. Dans ce monde où le plus fort est le moins sensible, elle lui expliquait qu’il n’y avait rien de plus puissant que des larmes sur une joue. On se serait dit dans un shojo manga où l’héroïne tue les méchants grâce au pouvoir de l’amour.

_ Tu es gentille, lui dit-il simplement. C’est juste que l’on ne m’a pas éduqué comme ça.

Sora avait toujours été un enfant joyeux et démonstratif, il n’avait jamais eu aucun problème à exprimer ses sentiments de quelque manière que ce soit. Hurler, frapper, bouder, il l’avait fait et refait. Mais pleurer, jamais. Pleurer de rage, oui. Ravaler ses larmes après une chute, oui. Mais son père lui avait enseigné qu’un homme ne pleurait pas, que c’était la marque de sa force. Alors le blond ne pleurait pas. Son côté ténébreux ne s’était développé que bien plus tard, au contact de Nathan et de la mort mais, pour autant, il n’avait jamais perdu cette capacité à ressentir des émotions fortes, il les maitrisait juste un peu mieux. Ce qui ne l’empêchait pas de hurler de fureur ou de rire aux éclats avec ses frères et sœurs. Il suffisait de trouver la bonne voie.

_ Contrairement à ce que tu penses, je suis quelqu’un d’assez expansif, peut être un peu trop pour que je me laisse aller trop librement. Mais on m’appris, il y a longtemps, que les garçons ne pleuraient pas. Que c’était à eux de protéger les filles et pas l’inverse, ajouta-t-il en souriant et posant une main sur celle d’Akane, toujours sur sa joue. »

Et jusqu’alors, il s’y était tenu. Il avait protégé sa famille avant d’étendre son objectif à l’humanité tout entière. Il avait un cœur immense, assez grand pour contenir 7 milliards d’individus. Puis il avait échoué à protéger Reimei. Alors quelque chose s’était brisé en lui, accompagné d’une prise de conscience. Il n’incarnait pas la Justice et il ne pouvait décider arbitrairement du sort des autres. Mais, dans tous les cas, il continua à protéger. C’était devenu une part de lui et il aurait été bien incapable d’en faire autrement.

« Il est évident que je ne trouve pas juste le fait de chasser et de tuer tous les êtres surnaturels de cette planète.
_ Je ne tue plus.
_ Comme dans toutes races, continua-t-elle, il y a des bons et des mauvais. Il y a biens des humains meurtriers, des humains voleurs, des humains menteurs. Mais, je ne jugerais pas tes actes, Sora.

C’est un sourire sans joie cette fois qui l’anima. Alors, pourquoi ressentait-il le besoin de se justifier ? D’argumenter ? Lui dire qu'avant il le pensait mais plus maintenant ? De lui expliquer qu’il ne voulait que protéger les hommes, qu’il pensait dur comme fer que Nathan était quelqu’un de bien qui ne faisait ça que par amour du genre humain ? D’ailleurs, même aujourd’hui il ne pouvait lui en vouloir. Nathan resterait à jamais son maître et le respect qu’il avait à son égard resterait intact. Qu’importe toutes les atrocités qu’ils avaient pu commettre. C’était la bonne volonté qui motivait, à la base, les actions d’Hikari. Ils avaient juste un peu dérivé ces derniers temps mais, un jour, ils ouvriraient les yeux. Du moins l’espérait-il.

_Ce que je pense moi est différent de ce que tu penses toi pour plusieurs raisons. Nous sommes différent. Notre être, notre passé, nos expériences. Je ne pourrais sans doute jamais comprendre pleinement ce qui fait que tu es ainsi, et ce qui fais que tu agis ainsi. Je ne t'encouragerais pas dans cette voie, mais je ne peux pas non plus t'y extraire. Tu es libre de faire ce que tu veux Sora... Même si cela te fait souffrir et fait souffrir les autres...
_ Pour l’instant. »

Il avait parlé d’un ton plus dur qu’il ne l’avait escompté et il s’en voulu de cette gaffe. Il n’était pas en colère. C’était juste de la tristesse anticipée. Il allait devoir lui dire, lui révéler son secret et alors, ces belles paroles sonneraient faux. Il ne voulait pas perdre cette confiance, ce lien qui s’était établi entre eux, mais c’était inévitable. Il lui avait promis.

Se forçant au calme, il lui prit doucement les mains. Avec un sourire désolé, il les décrocha de son visage et les posa sur ses genoux. Alors il s’écarte et se leva. Sans la regarder dans les yeux, il reprit la parole :

« Pour l’instant tu penses tout ça, mais ça ne va pas durer. Tu aimes Reimei. Tu as m’a suivi pendant au moins une semaine parce que tu pensais qu’on la maltraitait.

Ses paroles pouvaient paraître obscures. Quel rapport entre Reimei, la fin de leur relation et son histoire ? Non, en fait, c’était évident. Sora se tourna et fit face à Akane. Les choses importantes doivent toujours être dites en face.

_ Mon ennemi était un vampire. Je ne sais pas pourquoi, mais il ne s’en est pas pris à moi. J’étais peut être trop loin, trop fort ou peut être qu’il savait juste que je souffrirai moins s’il s’en prenait directement à moi.

Il s’humecta les lèvres. Il avait la bouche sèche et tout sauf envie de continuer sa tirade.

_ J’étais avec Kazuki. Alors il a attaqué Reimei. Il l’a mordue. »

Spoiler:

Tu es gentille. Tu es gentille. Tu es gentille. Tu es gentille. Gentille ? Gentille. La phrase tournait en boucle dans la tête de l'Ange incapable d'en comprendre la signification. C'était un compliment, c'était certain. Pourtant, elle n'avait pas l'impression qu'il puisse franchement convenir. Elle n'avait pas tenté d'être gentille, juste sincère. Ce n'était pas la qualité qu'elle visait le plus, et d'ailleurs, ses parents ne lui annonçaient jamais quelle avait été gentille aujourd'hui. C'était tout à fait étrange. Elle ne voulait pas simplement être gentille. La gentille p'tite gamine qui laisse simplement une impression de béatitude naïve. Bien sûr, en dehors de cela, elle était naïve. Béate, pas forcément, mais naïve, oui. Évidement, elle n'en avait pas plus l'impression que cela, et elle ne voulait pas devenir mièvre.

Personne, sans doute, ne comprendrait l'incompréhension qui s'était emparé d'Akane cette fois là. Après tout, ce n'était qu'une phrase, qu'un compliment, qu'un mot. On pouvait trouvait cela juste ou faux. Mais on ne pouvait pas, comme Akane, ne pas vouloir s'identifier à cet adjectif. Elle pouvait très bien ce dire, oui, effet, ou non pas du tout. Mais elle ne pouvait pas rester neutre, ne pas prendre de décision, voir complétement s'éloigner. En outre, elle ne comprit rien à ce qui s'était passé entre ce gentille et la main sur sa main. Elle en écarquilla le yeux un instant, reprenant pied avec la réalité. Il lui semblait avoir perdu l'essentielle de la conversation, et cela ne lui plaisait pas.

Mais avant même qu'elle puisse questionner Sora, elle se dit que ce n'était pas bien de lui demander de répéter. Il lui suffirait simplement de se concentrer, et peut être pourrait être reprendre le fil de la conversation. Elle pourrait peut être retrouver les paroles qui lui manquait. Pour le moment, le dialogue avait repris, et il n'était pas question qu'elle se mette à réfléchir sur les paroles non entendues. Elle en aurait tout le temps lorsqu'elle serait seule, ou alors dans un moment où Sora ne serait pas en train d'être si sérieux. Pas question de gâcher un moment comme celui-là.

Le jeune humain venait de rompre le lien. Il s'était éloigné, sûrement conscient du geste qu'il venait de faire. Il continua sur sa lancée, disant à voix haute les conclusions qu'il s'était faite lui même. Oui, elle aimait Reimei. C'était normale, c'était sa protégée. En plus de cela, elle était une fille adorable, qui mettait chaque jour Akane en joie. Rien que de voir son visage chaleureux, et elle avait envie de rire, tout simplement. Cette fille était un être lumineux. Mais parler ainsi de Rei, tout à coup, fit prendre à Akane conscience que quelque chose de pas très agréable allait survenir. C'était étrange qu'il parle d'elle tout de suite, et surtout vis-à-vis de la position d'Akane. Cela voulait certainement dire qu'elle avait une place prépondérante dans la révélation de Sora. Et cela ne lui plaisait pas du tout.

Lorsqu'il se tourna de nouveau vers elle, elle comprit que c'était pour tout de suite. Le vampire. Le vampire ne s'attaquait pas à lui. Mais à quelqu'un d'autre. Le cerveau d'Akane se mit en marche, et elle perçut la vérité avant même que Sora puisse le dire. Elle avait compris pourquoi il avait parlé de Reimei juste avant. Mais elle ne voulait pas comprendre. Ce fut les paroles de Sora qui lui annonça ce qu'elle ne voulait pas prendre en compte.

Elle accusa le choc, impassible. Ses yeux dans ceux de Sora n'exprimaient rien. Elle resta un instant interdite, avant de faire le point en elle même. L'histoire de Sora mise à part, le fait que Reimei soit une vampire, car elle l'était sûrement devenue, n'était pas un problème en soit pour Akane. Elle n'avait pas de préjugé envers les vampires, lycans ou autres races. De plus, Reimei était la fille la plus douce qu'Akane ai pu rencontrer jusqu'ici. Le problème était ailleurs, au cœur même de l’histoire de Sora.

Elle en dégagea plusieurs points. Tout d'abord, la souffrance qu'avait pu avoir Reimei avec la morsure. Ce n'était qu'une blessure physique sur le moment, et elle n'était pas vraiment problématique. Juste sur le faite qu'Akane n'avait pas été présente ce jour là, et qu'elle n'avait donc rien pu faire. Cela fit dégager un second point. La culpabilité de Sora. Il n'avait rien pu faire pour sauver Reimei. C'était désormais la tache d'Akane, et elle comprenait le sentiment qu'avait pu percevoir Sora. Un troisième point se dégagea de la transformation vampirique de Reimei. Sora chassait les vampires. En tout cas, jusqu'à peu de temps. Il les détestait. Et Rei était maintenant l'une d'eux, et, d'après Sora, par sa faute. Un dernier point se forma à l'esprit d'Akane. Reimei s'en voulait d'avoir été le point faible du groupe. Elle s'en voulait d'être devenue se qu'elle était, et elle ne voulait plus voir les garçons pour un problème de sécurité. Elle ne voulait pas les inquiéter, ni leur faire peur ou même leur faire du mal. Toute cette histoire devenait de plus en plus tragique et complexe. Et Akane était sûr que tout ce qu'elle pourrait dire n'aurait aucun impacte sur les deux membres de la famille Launay qu'elle connaissait.

L'Ange s'éveilla de son état de latence, son regard reprenant vie dans celui de Sora. Elle réussit a y faire passer juste du calme. Elle n'avait aucune envie de réprimander Sora. Elle ne le tenait pas pour responsable, et elle était sûr que Rei en faisait de même.

"Je pense être certaine que ce que je vais te dire ne changera rien, mais je vais te le dire tout de même. Tout d'abord, tu n'es pas responsable de ce qui est arrivé à Reimei. Tu ne pouvais sans doute rien faire. De plus, elle ne te tient certainement pas pour responsable. J'ai longuement discuté avec Rei. Elle n'a aucune rancune envers toi, seulement du regret. J'imagine que tu peux croire ça, au moins. Le fait qu'elle ne t'en veuille aucunement."

Parce qu'Akane ne savait pas mentir, et aussi parce qu'elle percevait bien plus fortement les émotions que les autres personnes. Encore plus lorsqu'il s'agissait de sa protégée. Le lien qui les unissait était bien trop important. Elle pouvait, la plupart du temps, sentir des choses sur Reimei alors qu'elle n'était pas présente dans un rayon de cinq mètres.

L'Ange resta assise, n'entreprenant aucun geste envers Sora. Il était maintenant en proie à ses problèmes, qui le torturait sûrement depuis un bon moment, et ceux, la plupart du temps. Elle ne voulait pas l'obliger. Ce n'était pas à elle de reprendre le contact, ou alors de reformer un lien, concret ou non envers lui. C'était lui qui l'avait rompu, et c'était à lui de faire la démarche en sens inverse. De plus, la confrontation n'était pas terminée. Elle ne le serait que lorsque Sora aura eu le choix de la finir.

"Dans ce même ordre d'idée, il n'y a donc en moi aucun sentiment négatif à tout égard, Sora. Vous souffrez tout les deux de cette attaque, en prenant la responsabilité, chacun, de ce qui s'est déroulé."

Bizarrement, tout cela était bien trop sérieux pour la naïve Akane. Sans doute que beaucoup de personne la connaissant ne la reconnaîtrait pas à cet instant. Mais peu de personne connaissait Akane en ces lieux.

[Je sais, je répond lentement, mais... Je suis une pauvre terminale pas habitué à bosser ><]

Le regard d’Akane se vida sous le sien. Du noir profond et grave, il passa au noir plat et impersonnel d’un mur peint. Elle s’était retiré en elle-même, rompant le contact visuel tout comme lui avait rompu le physique. Plus cette discussion durait et plus ils s’éloignaient l’un de l’autre apparemment. Sora se contraignit au calme. Il avait envie de courir, de hurler, de frapper les murs à s’en briser les doigts et les veines, mais il resta aussi immobile qu’il le pu. Ses ongles s’enfonçant douloureusement dans ses paumes lui permirent de conserver cette maitrise extrême de lui-même. Il était furieux et blessé. Furieux contre sa propre personne et blessé par cette histoire qu’il ne voulait pas raconter. C’était la même chose, à chaque fois. La culpabilité et la colère, encore. C’en était presque lassant à tel point c’était devenu habituel et répétitif. Il ne voulait plus vivre ça, mais il l’avait promis et le voici à nouveau parti dans des sentiments violents et douloureux. Comme d’hab’.

Et la brune qui ne bougeait toujours pas… Que faisait-elle ? À quoi pensait-elle ? Allait-elle bien ? Qu’elle idée, aussi, de révéler un secret pareil à une ange ! Pas une humaine ou même une nonne, non, une ange, rien que ça ! Autant aller directement voir St Pierre en personne « Salut, à cause de moi ma sœur est devenue une vampire. Ouais, je sais, c’est horrible, vous auriez pas un petit coin bien chaud pour moi en Enfer par hasard ? ». Non, sérieux, l’Enfer il s’en fichait. Dire que notre blond, parmi les quelques 6,5 milliards d’humains de notre planète était l’un des rares à connaitre avec exactitude l’existence de ces fables vivantes que sont l’Enfer et le Paradis et qu’il n’était même pas l’un des plus terrifiés à l’idée d’y être envoyé. Là, tout de suite, c’était Akane qui l’inquiétait. Un sentiment trop puissant la mettait à genoux, sûrement qu’un baiser la faisait s’évanouir, alors une confidence de cette taille ? De ce poids ? Elle allait tomber dans le coma et ne plus jamais en ressortir, oui ! Ce ne sera jamais qu’une vie en plus sur la conscience de Sora, me direz-vous, mais voilà : c’était une vie bien trop importante pour lui pour qu’il la considère juste comme ça. C’était Akane, son amie. Et il ne voulait pas la perdre comme il avait perdu tout les autres.

Amie ? Ça y était, le mot était lâché. Sora Launay avait une amie. Pas une amie comme Halley qui, si elle en était une, n’était pas vraiment le même genre d’amie qu’était Akane à ses yeux. Akane connaissait son pire secret, tous les squelettes de son placard avaient été exposé à son regard et, pourtant, elle n’avait pas fuit. Pas encore, tout du moins. Halley, c’était plus la joie de vivre et la bonne humeur, les paris stupides - qu’il gagnait - et les rires presque discrets pendant les cours. Avec Akane, c’était des tréfonds de son passé qu’il s’était lié à elle, avec une ignorance absolue de la méfiance et des risques. Rah, dans quoi s’était-il fourré ?

Soudain, les yeux de l’ange s’illuminèrent dans les siens. Il n’avait pas détourné le regard, inconsciemment, comme en suspension dans le temps et l’espace. Sora respira à nouveau. Ses cils clignèrent une fois, puis une autre. Akane était revenue à la vie. Elle avait l’air calme, comme si mes paroles du blond lui avaient glissées dessus comme de l’eau sur une feuille. Sereine et imperturbable. Bouddha ?

« Je…

Elle avait ouvert la bouche, Sora contracta sans le vouloir chacun de ses muscles, prêt au choc. Sous l’impulsion, ses ongles s’enfoncèrent à nouveau dans ses coupures, lui faisant mal sans qu’il ouvre la bouche pour l’exprimer. Il avait les dents trop serrées pour ça.

_ … pense être certaine que ce que je vais te dire ne changera rien, mais je vais te le dire tout de même. Tout d'abord, tu n'es pas responsable de ce qui est arrivé à Reimei. Tu ne pouvais sans doute rien faire.

Effectivement, ça ne servait à rien. Plutôt que de l’apaiser, les paroles d’Akane ne firent que réveiller la colère de Sora. Pas sa faute…? Pas sa faute ?!

_ Bien sûr que si, tout est de ma faute ! Si je n’avais pas suivi Nathan, rien ne tout ça ne serait arrivé ! Si, au lieu de me conduire comme un stupide gamin, j’étais resté à ma place, loin de ses affaires, jamais je n’aurais mis ce vampire en colère ! Et pourquoi je n’étais pas avec elle à ce moment critique, hein ? Pourquoi ?! Parce que je m’amusais avec Kazuki, loin de là ! C’est ridicule ! Tout est de ma faute !

Il avait hurlé sa dernière réplique. La colère lui faisait bouillir le sang, l’animant d’une rage sauvage et destructrice. Plus que la colère, c’était son mélange cuisant avec la culpabilité qui le mettait dans cet état. Pitié, qu’elle se taise. Que plus un mot ne sorte de la bouche d’Akane. Il ne voulait pas se montrer comme ça devant elle, qu’elle le voit dans cet état. Plus bête que homme, dévoré par ses démons intérieurs.

_ De plus, elle ne te tient certainement pas pour responsable, continua néanmoins l’Ange. J'ai longuement discuté avec Rei. Elle n'a aucune rancune envers toi, seulement du regret. J'imagine que tu peux croire ça, au moins. Le fait qu'elle ne t'en veuille aucunement.
_ Et c’est bien ça le pire !!

Sora commença à faire des va et viens dans la pièce, tentant par un exercice physique de se calmer. Mais sans succès.

_ Si encore elle m’en voulait, ce serait bien plus facile à supporter ! Là, à la place, elle s’en veut. Pour quelque chose que j’ai commis ! Pourquoi tout le monde veut absolument que j’arrête de porter cette responsabilité, alors que c’est la mienne ?! »

Il devait arrêter. Retrouver la paix, comme Akane l’avait fait devant lui à de nombreuses reprises. Mais la méditation n’avait jamais été son fort et, d’un certain côté, la maitrise de soi non plus. Il se contenait, contenait, contenait… et finissait toujours par exploser. Comme là. Alors, d’un pas furieux, Sora se précipita dans l’une des douches et donna un coup de pied violent contre les murs qui l’entouraient. Il frappa, encore, encore et encore. Peut être que le craquement sinistre qu’il entendit venait de sa jambe, ou peut être venait-il du muret de ciment et de carrelage qui commença à pencher sous les coups successifs. Il s’arrêta enfin, à bout de souffle et d’énergie, sautillant sur son unique jambe encore valide. La technique était peut être barbare et rudimentaire, mais elle avait le mérite de l’avoir calmé. Sora avait presque oublié qu’ils étaient en train de parler jusqu’à ce que l’ange reprenne la parole :

« Dans ce même ordre d'idée, il n'y a donc en moi aucun sentiment négatif à tout égard, Sora. Vous souffrez tout les deux de cette attaque, en prenant la responsabilité, chacun, de ce qui s'est déroulé.
_ Alors toi aussi…

Sa voix était étouffée, ténue comme sur le point de s’éteindre. Il se sentait heureux et trahi à la fois. Quel sentiment étrange. Heureux parce que, malgré tout ça, Akane resterait à ses côtés. Dans ce fleuve tumultueux et perpétuel, il avait réussi à trouver une amie, sûre et stable, sur laquelle se reposer. Mais il lui en voulait. Il lui en voulait terriblement. Pourquoi ? Parce qu’elle ne le haissait pas. Elle aurait dû. Elle aimait Rei, moins que lui mais beaucoup tout de même. Elle l’aimait. Alors pourquoi n’en voulait-elle pas à Sora ? Pourquoi ses yeux n’étaient pas coléreux, comme si elle allait le frapper à tout instant pour ce qu’il avait fait à sa propre sœur. Oui, il était furieux et déçu. Mais, alors, pourquoi était-il si soulagé qu’elle lui ait pardonné ?
Le chevalier aurait voulu pouvoir le lui dire. Lui dire le fond de sa pensée, lui exprimer avec des mots ces sentiments contradictoires qui se battaient en lui. Mais il savait certainement qu’il n’avait pas besoin de le faire. Elle aurait lu en lui comme dans un livre ouvert et, sans doute, compris avant même qu’il ait ouvert la bouche. Sora prit une inspiration hachée, comme celle que l’on prend entre deux sanglots. Se détournant de la brune pour qu’elle ne le voit pas, il se dirigea vers la douche et l’ouvrit. Sans se soucier de savoir si l’eau était froide, tiède, ou même brulante, il resta dessous, laissant ses vêtements s’en imbiber jusqu’à dégorger. Qui aurait pu dire si c’était de l’eau ou des larmes qui ruisselaient sur ses joues ? Le visage levé vers le pommeau, il tenta tant bien que mal de retrouver contenance. Il avait des choses à lui dire, mais sa respiration saccadée l’en empêchait. Foutue sensibilité de mes deux.

« C’est horrible, finit-il par articuler. Je ne peux même pas te dire "Tu ne comprends rien à ce que je ressens, tu n’as jamais vécu la même chose que moi. Tu ne connais pas cette douleur qui me ronge." Je ne peux pas te le dire, car tu le sais. Tout ce que je ressens, tu le sais ! s’exclama-t-il un ton plus haut. Alors, dis moi, pourquoi est-ce que tu me dis tout ça ? Tu ne comprends pas que ce serait bien plus facile si tout le monde m’en voulait ?

Il se tut un moment, le temps d’aspirer de l’air et des gouttelettes d’eau au passage. Il commençait à avoir froid, il tremblait. Sora n’aimait pas le froid, seul le chaud des plaines d’Australie le comblait pleinement, avec elles la chaleur d’un corps contre le sien. Il était glacé, putain.

_ Pourquoi tu ne m’en veux pas ?! »

Spoiler:

[Bouddha ? xD Alors là, c'est la meilleure ! J'appelle mon chat comme ça xD *Meurs de rire*]

Il commençait à ne plus se contrôler. Déjà, elle sentit le poids de ses propres paroles sur Sora, qui n'essayait même plus de lui cacher ses sentiments. C'était une bonne chose dans le sens où il lui faisait entièrement confiance, s'abandonnant à elle comme un enfant à sa mère après un cauchemar. Mais en même temps, elle percevait plus facilement la douleur qu'elle infligeait à son ami. Pourtant, elle n'avait pas ce sentiment de culpabilité qui l'habitait généralement lorsqu'elle blessait quelqu'un. Peut être parce qu'elle était consciente que ce n'était pas vraiment les choses qu'elle prononçait qui mettait Sora dans cette état. Que cela venait en grande partie de lui, et qu'elle avait choisit la meilleure solution. De toute façon, selon elle, il n'y en avait pas d'autre que d'être honnête. Dans tout les cas, elle perçut la changement de sentiment de Sora, entre déception et soulagement, et elle ne prit en compte que le soulagement. Elle lui avait manifestement enlevé un poids de la poitrine, acceptant enfin entièrement le garçon qui se tenait devant elle. Elle avait simplement embrassé les côtés obscures et lumineux de Sora, sans aucune distinction. C'était peut être ce qu'il attendait depuis longtemps, de savoir qu'enfin, quelqu'un dans ce monde pouvait simplement le voir en entier et ne pas s'enfuir ou le haïr.

Mais paradoxalement, il voulait qu'elle lui en veuille. C'était certain. D'ailleurs, il lui dit. Il le lui dit, dans un murmure à peine audible, alors qu'il se calmait sous les flots inlassable de la douche. Elle s'était levé, tandis qu'il s'était précipité dessous. Pourtant, elle n'avait pas fait le moindre geste. Elle avait attendu qu'il arrête sa colère de lui même, qu'il se calme par ses propres moyens. Il n'était jamais bon de sauver trop vite et trop de fois une même personne. Surtout s'il s'agissait d'un garçon. La fierté mal placé faisait de gros ravages dans les relations, alors que tout aurait très bien pu se passer. Et puis... Et puis Akane pensait que Sora avait besoins d'extérioriser suffisamment son ressentiment afin de pouvoir l'écouter par la suite, et comprendre ce qu'elle allait lui dire. Peut être qu'elle avait tort, peut être qu'elle n'avait pas pris une bonne décision. De tout façon, c'était trop tard pour se poser la question. Les faits en étaient là.

Elle se dirigea doucement vers Sora, elle passa le pas de la douche sans même un frémissement, et rejoignit Sora sous le jet d'eau trop froid. Elle trempa ses vêtements comme Sora l'avait fait avant elle. Dans un mouvement fluide et simplement, elle se colla délicatement au corps tremblant de son ami, et plaça ses bras autours de la taille de garçon. Peut être avaient-ils l'air peu intelligents, les deux personnes sous une douche froide, essayant vainement de combattre un élément du passé. Peut être que voir deux étudiants habillés sous une même douche pouvait prêter à confusion, et à vous de voir dans quelle confusion. Dans tout les cas, Akane pensait simplement à redonner un peu de baume au cœur à Sora.

"Parfois, je me dis que je ne veux pas être ce que je suis. Ne pas ressentir, ne pas comprendre les sentiments autours de moi. Tu sais, j'en apprends tellement sur les autres. Je m'oublie. Je souffre avec eux. Je souris lorsque leur cœur est en joie. Je ne sais plus qui je suis. Et puis... Et puis j'ai tellement l'impression d'être arrogante, moi qui crois tout connaître aux passions des autres."

Akane raffermit sa position contre Sora, elle posa sa joue contre le dos de Sora. Le plus près possible de son cœur. Elle ferma ses yeux, oubliant l'eau froide sur son corps et ses vêtements trempés. Un instant elle respira longuement. Puis elle recommença à parler, doucement. Pas comme une mère avec son enfant. Plus comme une femme à son amant. Un ton intime, doux et emprunt de tendresse. Mais sans le ton coquin ou sensuel.

"Pourquoi t'en voudrais-je ? Comment veux-tu que je fasse cela ? Je ne peux pas haïr, Sora. Je n'en suis pas capable. Tous ce que je ressens, lorsque cela peut se qualifier de colère, c'est par l'intermédiaire des autres. Et puis... C'est toi, Sora. Puis-je haïr un homme qui s'en veut ? Qui se repend de ses actions ? Qui se rend malade pour ça ? Si même moi je te haïssais... Alors que je ressens ce que tu ressens, que je connais une partie de ton cœur, que je sais ta bonté... Qui pourrais alors soutenir ton regard ? Et moi, pourrais-je relever la tête. ? Tu n'es pas un être malfaisant. Tu es juste un homme."

Elle prenait enfin conscience de ce qui l'entourait. Elle sentit enfin l'eau sur son visage, l'eau froide se mêlant à ses larmes, qui avait couler doucement, sans amertume et sans forcer le passage. Le flot qui s'infiltrait sous ses vêtements, se déployant dans son dos. Pourtant, elle ne frémissait pas. Elle commençait à ressentir la morsure du froid. Mais elle ne trouvait pas cela désagréable pour autant. Peut être parce que Sora était à son contact, peut être parce qu'elle n'aimait pas plus que cela la chaleur trop intense, et aussi peut être parce qu'elle en avait besoins. D'une bonne douche lui rafraichissant les idées. Elle et Sora en avait peut être besoins. A des degrés variables.

"Tu sais Sora, si tu étais cet enfant sage, celui qui serait resté à sa place, attendant toujours, passif, jamais tu ne serais ce que tu es. Jamais tu n'aurais vécus ce que tu as vécus. Tu serais peut être aujourd'hui un garçon comme les autres, impersonnels et vide. Regardes toi aujourd'hui. Tu est plus qu'une enveloppe vide. Tu es le conducteur de ta vie. Tu vas de l'avant dès que tu le peux. Peut être que c'est justement cet accident qui commande ta vie désormais, et cela ne devrait pas être le cas. Tu n'es pas Dieu. Tu ne pouvais pas savoir, tu ne pouvais pas tout faire. Et plus que tout, tu es toi-même, Sora. Tu devrais pouvoir être libre. Les humains sont fait pour être ainsi."

Et ce n'était en aucun cas une plainte. Akane se réjouissait d'avoir une protégée. Ce n'était pas une contrainte pour elle. Elle le voyait plutôt comme un honneur. De plus, elle n'avait pas l'impression d'être obligée. Elle voulait réellement prendre soin des autres, et plus encore de Reimei. Bien sûr, elle percevait et comprenait que, dans tout les cas, elle aurait dû s'occuper de la blondinette. Mais elle l'acceptait.

[Message subliminal, ou ça ? 8D Peut être un peu court, mais ban >_> J'allais pas lui faire raconter sa vie nan plus, hein ! è_é]

Spoiler:

Le bruit de ses pas, d’abord sur le carrelage du sol puis dans l’eau de la douche, la précéda. Il sentit ses mains lui frôler les flans avant qu’elle ne l’enlace et colle son petit corps au sien. Décidément, Akane continuerai toujours de le surprendre. Sa chaleur si diffusa lentement en lui, à travers les tissus trempés de leurs vêtements et la fine épaisseur de leurs peaux. Sora ferma les yeux sans rien dire. Immobile, il savoura simplement le contact réconfortant d’une autre personne près de lui. L’humain est ainsi fait ; toujours à fuir l’autre, sa présence, mais incapable de vivre sans lui. Il ne réfléchit pas à l’étrangeté de la situation, à la possibilité que quelqu’un entre et les surprenne. Non. Sa jambe lui faisait mal, la douleur irradiant doucement dans tout le membre à peine anesthésiée par la froideur de l’eau. Pourtant, il se sentait bien. Sora lui avait raconté son secret et pourtant Akane avait actuellement les bras passés autour de sa taille. Il avait arrêté de trembler. Elle se mit à parler, le garçon sentait son souffle sur sa nuque :

« Parfois, je me dis que je ne veux pas être ce que je suis. Ne pas ressentir, ne pas comprendre les sentiments autours de moi. Tu sais, j'en apprends tellement sur les autres. Je m'oublie. Je souffre avec eux. Je souris lorsque leur cœur est en joie. Je ne sais plus qui je suis. Et puis... Et puis j'ai tellement l'impression d'être arrogante, moi qui crois tout connaître aux passions des autres.

C’était vrai, son destin à elle non plus n’était pas des plus reluisants. Il n’avait jamais envisagé son don étrange sous cet aspect là et, maintenant qu’elle le disait, il voyait quel fardeau il était. Akane se sera plus fort contre lui, comme si c’était à son tour de vouloir être réconfortée. Cette pensée le fit sourire ; à croire qu’ils étaient chacun la béquille de l’autre. Après s’être rencontrés et soutenus de la sorte, comment allaient-ils faire quand serait venu le temps de se séparer ?

_ Moi j’ai mon passé à porter et toi le monde, voila tout. Je suis arrogant également, car je ne suis sûr de savoir lequel des deux est le plus lourd. Nous sommes ainsi, personne n’est parfait. Pas même les Anges.

L’eau continuait de ruisseler sur sa figure. Sur son front, ses cils, ses pommettes, ses lèvres et sa mâchoire. Elle lui coulait dans les cheveux, les collant à son cou, là où la respiration de la jeune femme se faisait sentir, puis continuait le long de son dos suivant les monts et les creux de sa colonne. Même son caleçon en était imbibé. Il songea vaguement qu’il allait attraper la crève avant de se dire que ça en valait la peine. Sora eut un rire amusé, il ne se savait pas si désespéré.

_ Mais ce n’est pas un défaut, continua-t-il. Je sais que l’arrogance, l’orgueil, l’envie et tout ces autres sentiments sont considérés comme des péchés et que sûrement c’est ainsi que tu les vois. Mais les ressentir, n’est-ce pas la preuve que l’on est vivant ? Plus qu’une enveloppe vide, comme tu sembles le penser ? »

Akane était loin de s’être oubliée. Lui le savait. Depuis leur rencontre, il s’en était pris plein la figure, leur relation commençante enchaînant les hauts et les bas à une vitesse folle. Il s’était méfié d’elle, elle l’avait mise en colère plus d’une fois, il l’avait trouvé marrante, étrange et mignonne, elle l’avait supporté, trahi et soulagé. Une fille sans personnalité serait incapable de provoquer tout cela chez lui. Quand elle reprit la parole, sa voix était chaude et douce.

« Pourquoi t'en voudrais-je ? Comment veux-tu que je fasse cela ? Je ne peux pas haïr, Sora.

Il voulu lui dire qu’elle ne ratait rien. Que haïr, ce n’était pas essentiel dans une vie, mais ç’aurait été renier sa propre existence. Il haïssait quelqu’un comme peu de gens pouvaient le faire. Pourtant, il savait qu’un jour, peut être, il lui pardonnerait. La haine et le pardon étaient deux choses aussi indissociables que la guerre et la paix, la vie et la mort. Et si pour l’instant cette possibilité lui semblait inimaginable, elle était cependant réelle. Sora plaignit Akane de ne pas pouvoir connaître cela. C’était un sentiment dur et froid, mais le réconfort après le pardon en était la récompense. Dieu était cruel de priver ses créatures de ces sentiments terrestres. Mais, quelque part, il se demanda si l’affirmation de la brune était fondée. Elle sortait à peine de chez elle, vivant réellement pour la première fois. Peut être n’en avait-elle juste pas encore fait l’expérience ? Il se promit d’y réfléchir.

_ Je n'en suis pas capable. Tous ce que je ressens, lorsque cela peut se qualifier de colère, c'est par l'intermédiaire des autres. Et puis... C'est toi, Sora. Puis-je haïr un homme qui s'en veut ? continua-t-elle pour répondre à sa question précédente. Qui se repend de ses actions ? Qui se rend malade pour ça ? Si même moi je te haïssais... Alors que je ressens ce que tu ressens, que je connais une partie de ton cœur, que je sais ta bonté... Qui pourrais alors soutenir ton regard ? Et moi, pourrais-je relever la tête. ? Tu n'es pas un être malfaisant. Tu es juste un homme. »

Il n’était pas sûr que ça soit un compliment, mais c’était sans doute vrai. Les mots d’Akane le touchaient, bien plus qu’il ne voulait se l’avouer à lui-même - et encore moins à l’Ange. Alors il se tut. Une part de lui savait qu’elle disait la vérité mais il s’en était voulu trop fort et trop longtemps pour l’accepter aussi simplement. Il lui faudrait du temps, beaucoup de temps, pour pouvoir à nouveau se regarder dans la glace sans y voir son reflet déformé.

Elle continua de parler. Passant va vie au peigne fin, rejetant au loin tous ses doutes et ses regrets. Oui, il n’aurait pas été le même, ça il le savait. Mais il était trop buté pour envisager que ce changement soit négatif. Il la trouva un peu dure avec les garçons normaux, pétri d’ignorance et de naïveté, et il se surprit à sourire. Akane savait trouver des phrases justes, qui touchent là où ça fait mal. Peut être avait-elle raison. Qu’il devait se défaire de sa culpabilité. Mais ça aurait été accepter. Comme s’il abandonnait sa sœur une deuxième fois. Non, il irait jusqu’au bout. Il se vengerait et, ensuite, arrêterait tout. Oui, voilà. C’était un bon plan ça.

« …Tu devrais pouvoir être libre. Les humains sont fait pour être ainsi.
_ Et pas les Anges ? »

Sora se tourna vers elle, pour la première depuis qu’elle l’avait rejoint sous la douche. Il s’adossa au mur, prenant appui comme il put sur sa jambe blessée, et passa les bras autour de ses hanches croisant les mains dans son dos. Il lui fit un sourire gentil et pencha un peu la tête sur le côté, attendant sa réponse. C’était assez étrange, en y pensant, d’enlacer une fille de la sorte sans qu’un lien du sang ou une quelconque romance ne nous relie à elle. La douche avait plaqué ses cheveux bruns sur son front, les rendant plus foncés et les gouttes d’eau suspendues à ses cils faisaient ressortir l’intensité de son regard noir. Elle était plus pâle mais ne tremblait pas. Sora puisait dans sa chaleur réconfortante qui irradiait de leurs cuisses collées, mais elle semblait se satisfaire de celle ambiante. Ses vêtements lui collaient au corps et il remercia le ciel qu’elle ne porte pas l’uniforme féminin. Sans être particulièrement pervers, il y a des limites communes à tout les hommes.

« Assez parlé de moi, reprit-il. À ton tour de tenir ta promesse.

Il changea d’appui et une décharge douloureuse lui traversa le tibia et la cuisse mais n’en laissa rien paraitre. Plongeant ses yeux dans ceux de son interlocutrice, l’air sérieux et la voix grave, il lui dit :

_ Parle moi de toi. »

Le garçon voulu trouver une position plus confortable, mais son membre blessé et le mur dur dans son dos ne l’aidait pas vraiment. Alors il se détacha de la taille d’Akane et fit courir ses mains le long de ses bras pour atteindre les siennes. Il se laissa glisser jusqu’au sol, où il poussa un grognement étouffé en y allongeant sa jambe. Ses doigts froids toujours dans ses paumes, il leva le regard vers elle. En temps normal, il l’aurait simplement attiré contre lui. Mais il n’était pas en temps normal. Et puis, Akane ne l’était pas vraiment non. Il ne voulait pas se séparer d’elle, cependant. Avec la moue de celui qui s’attend à se faire repousser à tout instant mais essaye quand même, il lui demanda :

« Tu vas t’évanouir si je te prends dans mes bras ? »

Spoiler:

C'est vrai, son don pouvait être un fardeau. Akane l'avait mal vécue, parfois. Trop de sentiments négatifs la rendait malade. Mais comme partout, l'équilibre faisait son chemin et elle avait son lot de bonheur. Elle ressentait si bien la joie, le bonheur, le soulagement, la réussite épanouissante... Bien sûr, elle avait parfois l'impression que rien dans ses sentiments n'étaient vraiment les siens. En ce qui concernait les sentiments négatifs, ce n'était pas si important selon elle. La colère, la haine ou l'envie de blesser étaient des sentiments destructeurs. Et pas seulement parce qu'elle est une Ange. Ce sont simplement des sentiments qui rendent les hommes mauvais et tristes. Akane était heureuse de ne pas avoir à se rendre compte de ce genre de chose. Ce qu'elle ne savait pas, c'est que ce n'était pas par son statut d'Ange, mais seulement parce que son caractère était ainsi. En effet, certains anges pouvaient très bien se mettre en colère. Certains étaient bien moins vertueux qu'Akane. Peut être que leurs pouvoirs en étaient affectés, ou peut être pas. Elle n'en savait rien, et ne cherchait pas à le savoir. Après tout, à quoi bon ? A quoi cela la mènerait-elle de savoir qu'elle était plus puissante que les autres sur certains points ? Elle n'était pas une jeune fille arrogante et en manque de qualité. Elle était comme elle était et ce n'était pas c genre de révélation qui allait la faire changer.

Dans tout les cas, elle avait en ce moment même le genre de parole de jeune fille regrettant quelque peu sa nature angélique. Il n'en était rien. Mais elle avait parfois envie de savoir ce que cela faisait d'être humain, tout simplement. Après tout, elle était en contact constant avec eux, elle en devenait curieuse. Mais pas trop. Elle aimait sa condition, et ne se posait pas trop de questions. Peut être de peur d'en apprendre trop. Peut être aussi parce que cela ne la dérangeait pas. Elle se sentait libre de ses mouvements et de ses choix.

Des pêchés ? Oui, peut être. Elle avait juste conscience qu'il était inutile d'être envieux selon elle. S'il nous manquait quelque chose, rien ne sert de simplement le vouloir. Il faut agir. Et puis, elle n'était pas envieuse des autres. Parfois, elle rêvait d'être à tel ou tel place, mais elle préférait généralement la place que Dieu lui avait attribué. Elle était bien en elle même. L'orgueil était déplaisant. C'était se croire supérieur aux autres, et Akane était éprise d'égalité. On avait tous le droit de parvenir à une place similaire. Bien sûr, il était impossible qu'on soit réellement tous égaux, puisque nous sommes tous différents. Mais Akane croyait en un ensemble égalitaire. On pouvait donner à tous les même chances. En était elle plus vivante ? D'ailleurs, était-elle même vivante ? Oui, elle était née. Elle avait vécue avec ses parents... Que signifiait être en vie ? Vivre ? Exister ? C'était trop difficile pour Akane. Elle ne voulait pas parvenir à ses chemins tortueux. Elle vivait très bien sans penser à tous cela. Et puis... Elle avait conscience de trop de chose pour ne pas existait. Il y avait le corps de Sora contre le sien... L'eau froide sur sa peau blanche...

Libre. Elle l'était. Peut être. Elle le pensait. En partie. Les hommes. Les hommes étaient ainsi. Ils en voulaient toujours plus. Toujours plus. De liberté. De libre arbitre. Les hommes étaient tellement... Tellement vivant ? Le fait qu'elle ne soit pas capable de haïr faisait-elle d'elle une personne vide ? Une personne non libre ? Akane n'avait pas l'impression de chaîne sur sa peau. Mais elle avait toujours eu l'habitude de vivre ainsi. Peut être que quelqu'un d'autres qu'elle qui connaitrait sa vie trouverait qu'elle n'était qu'une esclave. Après tout, ce n'était qu'une question de point de vue. Elle se sentait libre, elle. Alors, bien sûr, elle ne répondit pas. Après tout, elle était lié de force à sa protégée. Et bien qu'elle accepte cette chaîne sans bronché, certaines n'avaient pas forcement cette vision des choses. Et qui était-elle pour parler au nom de tous ?

Il se retourna vers elle en attendant. Elle ne répondit pas. Le silence était la seule réponse honnête qu'elle pouvait lui répondre. Parce qu'elle ne pouvait mettre des mots sur tout cela. Il parut un instant souffrir, mais ce fut trop fugace pour qu'elle en est conscience. Un peu plus tard, il se laissa tomber au sol, alors qu'ils étaient encore dans la douche. Il n'avait pas lâché ses mains, mais elle était maintenant au dessus de lui, le dominant de toute sa hauteur. Ce n'était pas pratique pour parler. Avant qu'elle puisse même esquisser un geste, il la prit au dépourvu et elle prit conscience de plusieurs choses.

Tout d'abord, elle était dans les douches des hommes. Ensuite, elle était dans UNE de ces douches. Elle était accompagné de Sora. Sora était un garçon. Elle était donc avec un garçon dans une douche. Elle tenait Sora par les mains. Elle était trempée et lui aussi. Sa chemise était encore ouverte. Et il lui demandait de venir contre lui.

Tout cela était peut être trop pour Akane, qui laissa son visage devenir plus rouge qu'une tomate. Elle essaya de respirer normalement, mais ce fut un échec. Ses jambes ne pouvant pas vraiment la tenir plus longtemps, elle décrivit le même chemin que Sora l'instant plus tôt. Elle se retrouva donc les fesses sur le sol trempé de la douche. Là, le contact frigorifique lui offrit un instant de calme. Après tout, elle avait déjà eu plus de contact que cela avec lui. Ou pas. Le rouge lui remonta aux joues, alors qu'elle essayait vainement de se contrôler. Elle ferma les yeux, récita le nom de tout les pays qu'elle connaissait dans toutes les langues qu'elle connaissait. Ce n'était peut être pas suffisant pour refaire revenir son calme, mais cela lui permit de pouvoir attraper un bol d'air. Puis, elle sentit les mains de Sora dans les siennes, et elle prit conscience d'une autre chose.

Ils avaient besoins de ce lien pour parler.

Elle fut donc calme de nouveau, réapprenant à respirer doucement, laissant la chaleur de ses joues disparaître. Elle referma son regard noir dans celui, clair, de Sora. Ce devait être sa réponse. Vas-y, c'est bon, je suis prête maintenant. En effet, elle avait eu besoins d'un gros effort pour permettre tout cela. Sans même frissonner. Elle était sûr de simplement apprécier le contact de Sora.

"Je suis née Ange. Certains le devienne en mourant. J'ai toujours vécue entouré d'Ange. Je n'étais pas sur Terre. Lorsque j'étais petite, j'avais de longs cheveux, et j'aimais beaucoup courir partout. Et comme la plupart des Anges, je suis androgyne. Alors j'ai appris à faire comme si. Comme si je pouvais être un garçon. Mais mentir sur son apparence n'est pas quelque chose à prendre à la légère."

Akane se tut un instant, repensant à la douleur qu'elle avait ressentie ce jour là. Le jour où elle avait blessée quelqu'un à cause de cela... Bien sûr, ce n'était pas sérieux. Mais blesser quelqu'un, pour Akane, c'était vraiment très douloureux. Bien plus que tout autres choses. Elle ne voulait pas blesser les autres. Jamais.

Elle reprit une inspiration.

"Et puis j'ai compris toutes ses choses que je ne pouvais pas faire. Mentir, insulter, haïr... Des choses que je ne devais pas faire. Et toutes ces choses que je ne connaissais pas. Je me suis doutée de mon ignorance, mais aussi des limites de mon monde. Tu sais, chez moi, tout était si simple. Mes parents étaient si gentils, si aimants. Je n'avais pas à me plaindre. Je n'ai pas à me plaindre."

Elle était heureuse. Toujours. Elle l'était encore aujourd'hui, maintenant. Mais elle avait l'impression de passer à côté de tellement de choses. De ne pas vraiment vivre. Mais avait-elle besoins de haïr une fois dans sa vie pour vivre ? Elle ne le croyait pas. Elle pouvait très bien vivre sans mentir, sans haïr, sans insulter jamais personne.

"On peut vivre sans ces choses là. Mais je ne savais pas ce que cela signifiait. Je n'aime pas mentir, je ne veux pas le faire. Je n'en suis pas capable. Mais je comprend ce que cela signifie. Pour un sentiment comme la haine, c'est plus difficile. C'est quelque chose que je ne connais vraiment pas. J'ai voulut découvrir mon propre équilibre."

Akane regarda un instant ses mains, et celles de Sora. Elle resta un instant interdite. Ce qu'elle avait dit jusqu'à présent ne touchait qu'elle. C'était simplement des choses personnelles, et qu'elle trouvait peu intéressante. Sa vie n'avait rien de palpitante. Elle aimait ce genre de vie calme. Elle n'avait rien contre les autres vies, mais elle aimait beaucoup la sienne. Elle n'enviait personne, simplement.

"Et puis, il y a l'appel du protégé. C'est une personne que nous devons protéger. On ne la choisit pas. Dès qu'on la voit, on sait que c'est elle. C'est tout. C'est plus fort que n'importe quel lien. S'il arrive quelques choses à un protégé, son Ange le sait. Il peut même en mourir. Et puis, je sais toujours où se trouve mon protégé. C'est pourquoi je n'ai pas besoins d'être toujours avec lui. J'ai simplement besoins d'être assez proche. Pour protéger, nous avons une sorte de bouclier que nous pouvoir faire apparaître. Je peux aussi léviter un peu et... Les Anges sont plus fort physiquement que les Humains, mais c'est tout. Tout ce qui est mauvais nous affaiblie. Vu mon empathie, j'ai tendance à être tout à fait faible dès qu'il s'agit de sentiments négatifs."

En gros, j'ai l'impression d'être une pauvre Ange inutile, qui risque de faire tuer tout le monde parce que je suis trop sensible. Je suis le rebut de la société, incapable de protéger sa protégée. Rien de très encourageant. Le doute était bien le seul luxe qu'Akane se permettait...

[J'espère que ça te vas... J'savais pas trop comment parler d'Kakane.]

Sora s’y attendait, aussi se mit-il à rire devant le changement de couleur d’Akane. Il n’avait jamais vu une fille autant rougir de toute sa vie. Elle battait vraiment des records. Elle se laissa tomber au sol, les fesses dans la grande flaque d’eau formée par la douche, le visage toujours aussi rouge qu’une tomate. Étrangement, il ne se sentit pas vexé ou diminué ou quoique ce soit d’autre qu’elle vienne pas dans ses bras. Sûrement parce qu’il comprenait. Et puis, son regard avait été plus clairs. Akane + Sora = Fille + garçon = avalanche émotionnelle difficilement contrôlable pour elle. Si on rajoutait le facteur Chemise ouverte + eau qui ruissèle dessus, on atteignait des sommets. Il était donc tout à fait logique qu’Akane ne puisse pas - plus que ne veuille - accéder à sa requête. Il espérait juste qu’elle arriverait à respirer avant de tomber dans les pommes et l’obliger à lui faire du bouche à bouche pour la réanimer. À çà, il était sûr qu’elle ne survivrait pas.

Pourtant, le malaise d’Akane ne détourna pas le garçon de sa question initiale. Elle n’avait pas répondu. Les Anges étaient-ils libres ? Peut être n’avait-elle pas le droit de répondre ou en était-elle juste incapable. Tout comme les hommes avaient chacun une vision différente de la liberté, les Anges ne devaient pas faire exception à cette règle qui dit que la liberté est une chose abstraite que chacun se bâti selon sa vision des choses. Elle peut passer par l’argent, le regard des autres, le pouvoir des mots ou des mouvements. Sora réalisa que c’était une question stupide que celle qu’il lui avait posé ; Akane était trop humble pour répondre pour toute sa race.

Un frisson lui parcourut l’échine. Il avait froid, il se remit à trembler. Peut être que s’asseoir n’était pas une bonne idée que ça, mais d’un autre côté la douleur dans sa jambe l’empêchait de rester trop longtemps debout. Il avait vraiment joué au con sur ce coup là. Se regard dévia un instant sur le reste de la salle : sèche. Il y avait même des serviettes sur une étagère prévue à cet effet. Il le reporta sur Akane ; et s’il lui proposait de retourner sur le banc, au chaud ? Son regard noir le happa aussi sûrement qu’un abîme. Elle avait repris contenance et une couleur normale du même coup. Avant qu’elle ne puisse changer d’avis, il la tira contre lui et referma ses bras sur elle. Brrr. Un peu comme un lézard qui se dore au soleil, Sora serra Akane contre lui. Un garçon qui se sert d’une fille comme poêle, n’est-ce pas un peu contradictoire ? Il était trop gelé pour s’en inquiéter. Elle prit la parole.

« Je suis née Ange. Certains le devienne en mourant. J'ai toujours vécue entouré d'Ange. Je n'étais pas sur Terre. Lorsque j'étais petite, j'avais de longs cheveux, et j'aimais beaucoup courir partout. Et comme la plupart des Anges, je suis androgyne. Alors j'ai appris à faire comme si. Comme si je pouvais être un garçon. Mais mentir sur son apparence n'est pas quelque chose à prendre à la légère. »

Il la sentit se tendre contre lui, le bouche crispée et les sourcils froncés. Il ne pouvait pas comprendre. Déjà parce que Sora était un homme et que même habillé d’une jupe à fleurs et les cheveux attachés en couettes il passerait toujours pour tel. Ensuite parce que sa vie amoureuse était déjà bien remplie, aussi bien de pertes que de conquêtes. Il avait essuyé de nombreux râteaux, en avait formulé quelques uns, s’étaient trouvé des amies et des amantes aussi bien que des ennemies plus ou moins mortelles… ça avait été douloureux, mais il était prêt à le refaire autant de fois qu’il le faudrait. Parce que ça lui donnait l’impression d’avoir vécu. Et si le garçon savait bien une chose, c’est que la vie était trop courte pour être gaspillée. Je partis dans les bois parce que je voulais vivre sans me hâter. Et sucer toute la moelle secrète de la vie... Je voulais chasser tout ce qui dénaturait la vie. Pour ne pas au soir de la vieillesse, découvrir que je n'avais pas vécu.

Akane continua de lui conter sa vie. Elle était pleine de douceur et d’interdit, comme une princesse de conte de fée enfermée dans une prison dorée. C’était une vie de rêve, que beaucoup de parents souhaitaient à leur enfant. Une éducation parfaite également, bien que ce soit plus dû à ses gênes angéliques qu’à autre chose. Une vie de libre d’images, mais que Sora était loin, très loin de lui envier. Les jurons de sa mère avaient bercés son enfance, les commentaires bourrus de son père en arrière plan. Il s’était battu plus d’une fois dans la cour d’école, que ce soit pour lui ou pour punir quelqu’un qui s’en était pris à son frère, il avait même bousculé une fille une fois parce qu’elle avait embêté Reimei. Il s’était fait punir, engueulé, quelques taloches avaient ricoché sur son crâne. Mais sa vie avait été remplie. La vie humaine était violente et intense par nature. Il se demandait comme Akane pouvait supporter de rater ça.

« On peut vivre sans ces choses là. Mais je ne savais pas ce que cela signifiait. Je n'aime pas mentir, je ne veux pas le faire. Je n'en suis pas capable. Mais je comprends ce que cela signifie. Pour un sentiment comme la haine, c'est plus difficile. C'est quelque chose que je ne connais vraiment pas. J'ai voulut découvrir mon propre équilibre.
_ Je ne sais pas si tu peux vraiment vivre sans, dit-il songeusement. L’équilibre passe par là. Un peu comme le Bien et le Mal, le Ying et le Yang, ce genre de truc. On ne peut pas peindre du noir sur noir, du blanc sur du blanc, tu vois ce que je veux dire ? Chacun à besoin de l’autre pour se révéler. Donc même si, aujourd’hui, tu n’as vécu que des choses positives, tu ne les apprécie pas autant que quelqu’un qui en a vécu des négatives. Tu comprends ? Je m’embrouille un peu moi-même, s’excusa-t-il en riant. »

Sora n’avait jamais été un grand philosophe ou même un grand parleur. Aussi paradoxal que ça puisse paraitre, sa nature profonde était celle d’un écervelé fonçant dans le tas sans réfléchir, criant à gorge déployée ses tripes et son courage. Mais le temps l’avait changé, et l’enfant bruyant était devenu un jeune homme bien différent de celui qu’il aurait dû devenir.

« Et puis, il y a l'appel du protégé, continua Akane. C'est une personne que nous devons protéger. On ne la choisit pas. Dès qu'on la voit, on sait que c'est elle. C'est tout. C'est plus fort que n'importe quel lien. S'il arrive quelques choses à un protégé, son Ange le sait. Il peut même en mourir. Et puis, je sais toujours où se trouve mon protégé. C'est pourquoi je n'ai pas besoins d'être toujours avec lui. J'ai simplement besoins d'être assez proche. Pour protéger, nous avons une sorte de bouclier que nous pouvoir faire apparaître. Je peux aussi léviter un peu et... Les Anges sont plus fort physiquement que les Humains, mais c'est tout. Tout ce qui est mauvais nous affaiblie. Vu mon empathie, j'ai tendance à être tout à fait faible dès qu'il s'agit de sentiments négatifs.
_ Tu ne devrais pas me dire tout ça. Tes points faibles. Je pourrais me retourner contre toi un jour.

Il se tut un instant. C’était vrai. Il ne voulait aucun mal à Akane, mais d’autres n’avaient pas autant de considération que lui pour sa race - à compter qu’ils la connaissent. Les Kings, par exemple, n’auraient aucun scrupules à utiliser ces informations pour exterminer cette race non humaine. Secouant la tête pour chasser ces sombres penser, Sora se dit que cela n’arriverait jamais. Même s’ils tuaient tout les anges véritables, des humains reviendraient changés en anges par leur mort. Jamais cette race ne s’éteindrait. Et heureusement pour eux, se fit-il la remarque en souriant.

_ Reimei est donc ta protégée, n’est-ce pas ?

Il l’avait compris au moment même où elle lui avait parlé d’Ange gardien, ses propos n’avaient fait que renforcer sa conviction. Sa petite sœur avait donc un ange qui veillait sur elle…

_ Tant mieux, ajouta-t-il. Je suis content de savoir que quelqu’un d’autre que moi est là pour veiller sur elle. Donc, si j’ai bien compris, tu stalkes toutes ses connaissances pour les interroger ? demanda-t-il en riant. Tu es allée voir beaucoup de personnes comme ça ?

Sora repensait aux raisons de leur rencontre, un peu plus tôt dans la soirée. C’était une façon étrange de se faire des amis et d’autant plus étrange de protéger quelqu’un. Mais comment demander un plan sophistiqué à un être aussi pur qu’Akane ? Il rit à nouveau en se disant qu’elle était, décidément, bien mignonne.

_ Par contre, c’est vrai que ta sensibilité est un désavantage majeur. Après tout, si quelqu’un s’en prend à Rei il n’aura sûrement pas que des sentiments bienveillants à son égard.

Il jeta un regard en coin à la jeune fille dans ses bras. Puis il le fixa à nouveau sur le mur en face de lui.

_ Mais ça ira, je serai là pour t’aider. Je vous protégerai toutes les deux. »

Il la serra contre lui. Elle ne protesta pas. D'ailleurs, elle n'en rougit pas non plus. Étrangement, elle était au dessus de cela pour le moment. Elle n'avait pas changé au point de se fiche de cela. Simplement, l'instant n'était pas à se laisser aller dans ce genre de réaction. Bien sûr, ce sont des choses qui ne se contrôlent pas. Mais Akane n'avait simplement pas à l'esprit ce genre de chose. Elle ne pensait qu'à ce qu'elle allait dire, et à trouver des mots justes. Parce qu'évidement, il était bien difficile de pouvoir s'exprimer correctement. Il suffisait d'un mot, un seul, qui ne soit pas bien compris et alors c'était fini. La plupart des conflits résidaient la dessus. Une mauvaise compréhension. Du même coup, bien que les deux protagonistes pensent exactement la même chose, leurs dires étaient différent et on croyait alors qu'ils n'étaient pas en accord. La diversité du langage apportait aussi son lot de difficulté. Comme dans bien des choses, le progrès amenait des pertes. Selon Akane, on ne saisissait pas encore assez bien toutes les étendues de chaque choses constituants ce monde. Peut être que les habitants de la Terre le comprenait mieux qu'elle. Elle et les Anges. Ou alors elle était la seule à ne pas encore tout comprendre. Ou alors elle était tellement avide de savoir qu'elle ne se contentait pas de ce qu'elle savait déjà. Elle n'en savait rien. Si l'une de ses hypothèses était exacte... Et elle n'en saurait probablement rien.

"Non, tu as raison. Et c'est peut être pour cela que les Anges autant que les vampires ou les lycans existent. Car nous sommes complémentaires. Voilà pourquoi je pense aussi que certains vampires peuvent être adorable, tandis que certains Anges pas si exemplaire que cela. Mais dans tout les cas, un Ange reste un Ange. On ne peut être emprunt de trop de mal. Sinon nous ne sommes plus des Anges, nous ne pourrons plus en être."

Un Ange déchu. Akane frissonna. Elle n'avait aucune envie de "perdre ses ailes" comme ses parents lui disait. Devenir déchu, c'était perdre son essence même. Ne plus être complet. Avoir toujours une partie manquante, souffrir jusqu'à la fin des temps. Plus que la peur de perdre son bouclier, ou son protégé, il y avait la peur de vivre à jamais avec une partie de soi en moins, être seule avec soi même et même en étant seule, ne pas être seule entière. La solitude pouvait être vécu lorsqu'on est fort, lorsqu'on peut encore s'aimer soi même, vivre intérieurement. Mais lorsqu'un Ange était déchu, il perdrait la partie la plus importante de lui même. Ce n'était simplement plus possible de vivre normalement. De vivre heureux. D'ailleurs, en y pensant, mieux fallait ne pas vivre du tout. C'était un état qu'Akane ne voudrait jamais atteindre, même dan ses cauchemars. Et dans cet ordre d'idée, ne jamais rencontrer quiconque étant déchu. elle n'était pas sûr de bien le vivre. Le vide et la tristesse des Anges déchus devait être formidablement blessant. C'était peut être le genre de chose dont elle ne se relèverait pas. Mentalement.

"Non. Tu ne pourrais pas faire cela. Tant que tu garderas ses informations pour toi, ce que je ne doute pas, il ne m'arrivera rien par ta faute."

Ce n'était pas de la confiance aveugle. Certainement pas. Akane avait lut en lui. Depuis le début de leur rencontre, elle lisait tout ses sentiments, ou presque, et avait acquis une certaines idées du garçon qui se tenait à ses côtés. Il n'était pas mauvais. Il n'avait pas cet éclat simplement vil qui naissait parfois dans le regard des hommes mauvais. Akane sentait la détresse de Sora, son besoins de réconfort, son amour pour sa famille. Elle avait aussi saisit l'importance des liens avec autrui. Lorsqu'il avait des amis, c'était à la vie à la mort. Il ne donnait pas son amitié et sa confiance comme on offre un regard. Son sérieux en matière de relation humaine découlait peut être de sa vengeance. Elle n'en savait rien. Tout ce dont elle était certaine, c'était qu'elle pouvait lui faire confiance. Elle lui avait peut être offert le couteau qui allait l'égorger, mais elle s'en fichait. Si mourir était ce qui devait lui arriver, qu'elle sache au moins qui était son assassin. Cela ne signifiait pas qu'elle voulait mourir de la main de Sora, ou qu'elle lui donnait son accord. Non. Surtout pas. C'était juste une marque de confiance absolue, et un poids qui s'envolait pour elle.

Akane ne répondit pas. Il y a des choses qui n'ont pas besoins d'être dites. Oui, Reimei était sa protégée. C'était tellement simple à savoir que cela l'effrayait parfois. Bien sûr, il faudrait d'abord comprendre qu'Akane est une Ange pour se permettre de penser que le lien qui unie les deux jeunes filles est plus que de l'amitié. Et puis, y avait-il beaucoup de raison pour qu'Akane s’intéresse autant à quelqu'un ? Y avait-il une possibilité qu'Akane prenne tant de précaution envers quelqu'un. Bien sûr, avec sa personnalité, on pouvait être sûr qu'elle voudrait sauver tout le monde. Mais elle n'agirait pas de la même façon. Reimei était sa protégée, tout était bien plus fort avec elle. C'était tout simplement complétement différent.

A la remarque de Sora, elle rougit. Se raidissant, elle prit simplement un air boudeur avant de répliquer avec vivacité.

"Non, bien sûr que non ! Avec toi, c'est différent. A cause de la réaction de Rei. Vous m'intriguez tellement, toi et ton frère. Je comprend maintenant pourquoi. Je ne cherche pas à en savoir autant sur les autres personnes autours d'elle. Simplement avec les personnes qui partage le plus son temps libre. Où dont elle me parle le plus. Je ne suis pas une enquêtrice ou une folle paranoïaque..."

Elle continua de bouder, légèrement vexée. Ou plutôt, elle était déconcerté qu'on puisse la prendre pour une stalkeuse. Elle ne voulait pas qu'il croit qu'elle était le genre de fille à suivre pendants des mois une personne, connaissant tout ses faits et gestes. Elle n'était pas du tout ce genre de personne. Déjà, elle se sentait mal à l'aise de surveiller la vie privée des autres rien que trois minutes. Elle s'était sentie assez mal tout le temps qu'elle avait surveiller Sora. Elle n'aimait pas plus que cela savoir tout ce qu'il faisait, même si elle se répétait que c'était pour Rei.

"Je sais. J'ai un peu peur."

Complétement effrayé, oui.

Elle rougit de nouveau. Et puis, deux sentiments contradictoires l'emplirent. Tout d'abord, une certaines joie. De savoir que Sora veuille la protéger, prendre soin d'elle. C'était vraiment gentil et cela assurait une affection et une confiance entre eux. Il venait simplement de lui dire à cœur ouvert qu'il tenait à elle. Pas autant que sa sœur, mais assez en tout cas pour la protéger. C'était quelque chose de doux et d'agréable.

Et puis, il y avait cette partie qui n'en voulait pas. Pas par orgueil, mais simplement parce que Sora ne devait pas la protéger. Elle était l'Ange. Elle était normalement plus forte qu'un humain. Et puis, si elle devait être protéger, cela signifiait qu'elle ne pouvait pas protéger Reimei. Qu'elle était incompétente. Qu'on avait simplement pas besoins d'elle. Qu'elle n'était rien. Et elle n'avait pas envie d'être rien.

Restant un instant indécise, Akane décida finalement d'accepter les sentiments de Sora. Elle pouvait très bien le laisser garder un oeil sur elle. Elle n'avait pas à devenir dépendante de lui, c'est tout. Si elle développait ses forces et qu'elle apprivoisait correctement ses faiblesses, elle n'aurait pas besoins de l'aide de Sora. C'était aussi simple que cela. Il pouvait la protéger, autant qu'il le voulait. Elle ne devait juste pas se laisser à ce confort. Garder les yeux ouverts et avancer.

"Dans ce cas, laisse moi te protéger aussi."

L'assurance que jamais elle ne laissera les bas de Sora la protéger continuellement ? Peut être. Et aussi le besoins de signifier qu'ils étaient sur un pied d'égalité. Qu'il la protégeait autant qu'elle le protégeait. Qu'il était sa béquille autant qu'elle l'était. Qu'ils étaient complémentaire, peut être. Elle voulait juste lui dire que lui aussi, il pouvait compter sur elle. Elle n'avait peut être pas un caractère assez fort pour accepter trop de sentiments néfastes, mais jamais elle ne le trahirait. Elle resterait toujours à ses côtés.

D'un coup, Akane sentit le froid sur sa peau, bien quelle soit au contact du jeune homme. Elle n'avait aucune envie de bouger. Elle était bien, avec Sora. Le sol était peut être froid, ils étaient peut être trempés de la tête au pied et pas dans une position très confortable, mais elle était bien quand même. C'était son cœur qui lui disait cela. Sentir de la chaleur contre elle, pouvoir se laisser un peu aller, percevoir la tendresse des sentiments de Sora... Mais son cerveau, lui, sa raison, lui criait qu'il n'était pas sain de rester ainsi. Tout d'abord, ils risquaient d'être vus. Ce n'était pas quelque chose de très important, en somme. Mais si on pouvait éviter les complications des rumeurs et des questions embarrassantes, c'était toujours mieux. Ensuite, ils allaient tomber malade. C'était clair comme de l'eau de roche. Et ce n'était jamais très bon de tomber malade. Tout d'abord, pour protéger quelqu'un, c'était drôlement handicapant. Et pour n'importe quelle autre chose, ce n'était pas très amusant. En bref, il fallait qu'ils bougent de là, et dans pas trop longtemps.

Akane avisa des serviettes sèches sur une étagères, et le banc qu'ils avaient quitté un peu plus tôt. Réfléchissant à toute vitesse, elle se dit qu'ils pouvaient toujours continuer à papoter sur le banc, tout en séchant au chaud. Le mieux seraient de retirer les vêtements mouillés, mais ce n'était peut être pas une bonne idée lorsque l'on est une fille et que l'autre est un garçon. Bien qu'Akane n'ai aucune pensée peu catholique, et qu'elle ne croit pas Sora capable de lui sauter dessus. Dans tout les cas, sa décision était prise. Il fallait qu'ils se mettent au chaud et au sec.

La jeune Ange se redressa donc le mieux qu'elle put.

"Je pense qu'il serait préférable que nous nous séchions. Ce ne serait pas malin de tomber malade... Alors qu'on peut éviter cela."

Surtout si on peu l'éviter, en fait.

« Tu sais très bien que je pourrais te trahir. Entre toi et Kazuki ou Reimei, je n’hésiterai pas.

Il ne disait pas ça pour être méchant, non. Enfoncer le clou, retourner le couteau dans la plaie, se montrer sous son mauvais jour… ce n’était pas pour la blesser que Sora faisait ça, au contraire. C’était bel et bien pour la protéger. Akane était trop confiante. Peut être que lui était, effectivement, un homme de valeur qui tenait à ses amis autant qu’à sa vie. Mais les autres ? Sincères sur le moment, sournois dans l’adversité. Le blond ne voulait juste pas qu’elle accorde sa confiance à tort et à travers. C’était quelque chose qui se méritait et qu’elle devrait dispenser avec plus de soin, d’après lui.

_ Tu dois faire attention. Les gens changent avec le temps. »

Oui, Sora ne pouvait s’empêcher de se comporter en grand frère avec plus ou moins tout son entourage. Ah, Saint Sora, tu nous fais rêver. Sa remarque sur ses talents de stalkeuse la fit rougir, allégeant sensiblement l’atmosphère alors qu’elle s’énervait autant qu’une Akane peut le faire. Apparemment vexée, la mine boudeuse, elle lui répliqua qu’il était un cas à part.

« Non, bien sûr que non ! Avec toi, c'est différent. A cause de la réaction de Rei. Vous m'intriguez tellement, toi et ton frère. Je comprend maintenant pourquoi. Je ne cherche pas à en savoir autant sur les autres personnes autours d'elle. Simplement avec les personnes qui partage le plus son temps libre. Où dont elle me parle le plus. Je ne suis pas une enquêtrice ou une folle paranoïaque...

Les personnes qui partagent le plus son temps libre… une idée, singulièrement sinistre, traversa l’esprit du garçon. Et si…? Non, il ne devait pas s’avancer sur de simples suppositions. Il devait être sûr, avant de se faire de faux espoirs. Il lui poserait la question, plus tard, quand il se sentirait à même de le faire sans se laisser déborder par ses sentiments. En attendant, il resterait sur des sujets plus légers.

_ Quoi, tu veux dire que tu es allée voir Kazuki aussi ? Mais tu sais, Kazu ne sait rien ! »

Cherchez le mot « Ignorant » dans le dictionnaire et vous tomberez à coup sûr sur « Kazuki ». Enfin, tel était sa définition d’après Sora. Son jumeau ne savait rien. Rien pour les vampires, rien pour les lycans, rien pour les anges non plus sûrement. Il ne savait rien pour Reimei, sa morsure, son maître et rien non plus sur Sora, son propre reflet et pourtant tellement différent de lui. Et le garçon en était plutôt fier : lui, au moins, il avait réussi à le protéger. ce monde dangereux et monstrueux, Kazu n'en entendrait jamais parler et n'y mettrait jamais les pieds.

Et dans cette même mentalité, il ne voulait pas non plus que Reimei y entre. Certes, elle était devenue une vampire, mais ce n’était pas une raison pour perdre espoir. Akane avait raison : tout comme il existe des anges mauvais, les bons vampires sont aussi dans ce monde. Et Sora espérait ardemment que sa sœur reste dans cette partie. Pas parce qu’il ne supporterait pas de la voir tuer des innocents ou quoique ce soit d’autre - il s’en accommoderait très bien - mais bien pour que elle ne soit pas blessée. Elle aurait pu commettre un génocide que le chevalier aurait continué à lui porter le même amour aveugle et dépourvu de raison. Sora n’était pas quelqu’un de réfléchis en ce qui constituait les relations humaines. Il était lent pour donner sa confiance ou apprécier réellement une personne, mais une fois ce pas franchi il n’y avait plus de retour en arrière possible. Voilà aussi pourquoi il était heureux que Akane soit là. Pour l’aider et, éventuellement, le freiner - même s’il doutait qu’elle soit plus raisonnable que lui au sujet de la benjamine Launay. Au pire, ils se prêteraient main forte face au monde entier. Non. Non, ils ne le feraient pas. Car, désormais, l’ange était également son amie et donc une nouvelle personne à protéger. Il ne pourrait jamais la laisser s’exposer de la sorte.
Oui, Sora était un cas désespéré. Mais que voulez-vous, on ne se refait pas. Aussi est-ce naturellement qu’il annonça à Akane qu’elle se trouvait, à partir de maintenant et pour toujours, sous son bouclier personnel. Pas un magique ou il ne savait trop quoi comme elle, mais un bouclier quand même. Puissant et incassable, fier et droit jusqu’à ce qu’il tombe. L’aveu de la jeune fille sur sa peur grandissante n’avait fait que renforcer sa résolution. Ok, elle ne l’avait pas formulé aussi clairement, mais il en fallait plus pour tromper le regard expert du blond. Même son rougissement à la suite de sa déclaration de ne échappa pas.

Il fallait vraiment qu’il trouve un autre adjectif pour la qualifier. Un truc un peu moins redondant, plus subtile. Jolie ? Non, ce n’était pas ce qu’il voulait exprimer. Belle, encore moins - pas qu’elle ne le soit pas, mais là n’était pas la question actuellement. Charmante ? Non, ça sonnait faux et pédant. Gracieuse, sublime, délicate, non, non et non ! Chou ? Oh bonjour le langage de fille. Pretty, charming, beautiful, il revenait toujours aux mêmes adjectifs usés et non adaptés. Bon, autant rester dans le déjà dit, même si ça fait répétitif à force. Elle était vraiment trop cute.

« Dans ce cas, laisse moi te protéger aussi. »

Sora hocha lentement la tête. Oui, cela était équitable. L’un avec l’autre, chacun gardant les arrières de l’autre. C’était non seulement équitable, mais généreux de sa part. Car le garçon avait beau être un combattant aguerri, il n’en restait pas moins un faible humain. Nulle force, nul pouvoir, juste de la technique et de la chance. Toujours, beaucoup de chance. Alors qu’Akane s’offre de l’aider, lui apportant son soutien et ses dons du même coup… oui, beaucoup de chance.

Il cacha son visage dans le cou de la jeune fille, un frisson glacé lui agitant les membres. Maintenant que l’émotion était passée, il se les caillait grave. C’était une bonne idée sur le coup, la douche glacée, pour se remettre les idées en place tout ça. D’un autre côté, se casser le tibia sur un muret en béton lui avait paru être également une bonne idée sur le moment. Décidément, il devrait plus se méfier de ses idées lumineuses, car elles l’étaient rarement. Un nouveau frisson lui secoua le squelette quand Akane proposa intelligemment :

« Je pense qu'il serait préférable que nous nous séchions. Ce ne serait pas malin de tomber malade... Alors qu'on peut éviter cela.
_ Bonne idée. »

Relâchant son étreinte autour de sa taille, Sora laissa la jeune fille se relever avant d’en faire de même, lourdement appuyé sur le mur. Avec un grognement il ferma le robinet - mieux valait ne pas penser au montant de la facture d’eau du pensionnat - et la rejoignit sur le carrelage sec. S’ébrouant comme un chien, il dénoua ses cheveux et attrapa une serviette pour les sécher ainsi qu’une deuxième qu’il posa sur la tête de la brunette. Sans attendre plus longtemps, il retira sa chemise trempée. Si, Sora avait de la pudeur - même si c’est dur à croire. Mais elle était blanche et mouillée, soit transparente. Qu’il la garde ou pas ne changerait donc rien à la donne, sauf peut être qu’il n’attraperait pas de rhume. La laissant tomber comme une vieille serviette au sol, il s’épongea le torse avant de la ramasser et l’essorer. Il aurait pu remplir sa baignoire avec la quantité d’eau qui en tomba.

« Tu devrais faire comme moi, garder des vêtements mouillés c’est pas bon !

Il jeta un regard vers Akane avant de s’immobiliser. Ahmaisoui, c’était vrai. C’était une fille. Zut.

_ Euh, je dis pas ça pour…! Enfin je veux dire que…! J’avais pas de mauvaises intentions ou…

Sora Launay, aînée de la famille Launay, protecteur de sa fratrie, des ses amis et du genre humain en général, tombeur de ces dames et terreurs des messieurs, ténébreux au regard profond et tête de turc des professeurs… était en train de rougir. Non non non, ça allait pas du tout ça ! Le plaquant, peut être un peu vivement, une main sur le visage pour essayer de le cacher, il désigna son sac de l’autre :

_ J’ai mes affaires de sport dans mon sac si tu veux. Tu peux les prendre. »

Puis il lui tourna le dos, les oreilles brûlantes. Si Halle avait été là ça aurait pas loupé. Non, ne pas y penser. Son pantalon partit rejoindre sa chemise dans un mouvement un peut plus violent que nécessaire, sûrement dans le but de cacher sa gêne. Yek. Un gros bleu, prémisse d’un bel hématome, fleurissait déjà sur son tibia, un deuxième moins important colorant son genoux. Il se sécha comme il pu et noua une autre serviette, propre, autour de sa taille. Bon, il devrait juste aller jusqu’à sa chambre vêtu de la sorte. Easy, il l’avait déjà fait - l’avantage d’être un garçon.

Toujours sans se retourner, autant pour préserver l’intimité d’Akane que pour masquer ses pommettes encore un peu rosées, Sora demanda à la cantonade

« Dis moi, tu m’as dit que tu n’étais allée voir que les personnes que Reimei approchait souvent et… je peux savoir qui tu es allée voir, ainsi ? »

"Tu n'auras jamais à faire ce choix dans ta vie."

Parce qu'elle serait toujours aux côtés de Reimei, et qu'elle se protégerait elle même, quoi qu'il arrive. De toute façon, s'il devait subvenir quelque chose, Akane allait mourir pour Reimei. Car dans les deux cas, elle ne serait plus en vie. Elle était son ange gardien. Elle n'avait pas le choix. Le lien qui les unissait toutes deux étaient ainsi. Et Si Sora voulait vraiment que sa sœur ne soit pas blessé, il n'avait pas le choix, il devrait garder Akane en vie aussi. Sa protégée n'allait pas mourir par le décès d'Akane, mais elle en souffrirait beaucoup. Moins que si l'inverse se produisait, certes, mais une souffrance est une souffrance.

"Je n'ai pas encore eu le temps de parler avec votre frère. Mais puisque j'ai eu les réponses que j'attendais avec toi, je n'ai pas besoins de l'embêter..."

Pas besoins de lui rappeler combien il doit être triste de ne plus voir sa sœur autant qu'avant, pas besoins de lui rappeler qu'elle souffre de la distance des jumeaux... Pas besoins de l'embêter en venant fouiner dans sa vie, pas besoins de prendre le temps de le suivre partout et de lui imposer sa personne. Car Akane pensait aussi à cela. Parler à quelqu'un qui n'en avait pas forcement envie, ce n'était pas très agréable. Elle ne voulait surtout pas s'imposer, faire du rentre dedans sans aucun tact. Ce n'était pas son genre de s'incruster dans la vie des autres. D'ailleurs, elle vivait assez mal le fait de devoir s'imposer. Parfois, elle le devait, elle n'allait pas rester toute seule toute sa vie en arrière plan, afin de ne jamais s'interposer dans la vie des autres. Pourtant, elle le faisait le moins possible.

Et puis elle comprenait le fait que Sora n'ai pas trop envie qu'Akane vienne parler à Kazuki. Bien qu'elle ne parle pas de vampirisme, lycanthropie et angélisme avec n'importe qui n'importe quand et sans aucune raison. Elle n'en parlait d'ailleurs jamais. A moins que son partenaire lui fasse une confidence, auquel cas elle donnerait aussi un avis. Mais Sora était bien le premier à qui elle confiant son secret. Et elle ne pensait pas refaire cette confidence de sitôt. A moins qu'elle croise un autre Ange. Et encore. Il faudrait qu'elle trouve le moment et l'intimité pour le faire. En résumé, il était peu probable qu'une personne autre que Sora entende parler d'angélisme de sa part ou de toutes autres formes de créatures non humaine.

A présent, ils s'étaient tout deux relevés. Il attrapa deux serviettes, une pour lui et une pour sa petite tête brune. Elle s'appliqua donc à rendre ses cheveux plus emmêlés que jamais en frottant avec précaution son cuir chevelu. Alors qu'elle retira la serviette de ses cheveux, qui étaient assez courts pour qu'elle ne s'y attarde pas, elle tomba sur le torse nu de Sora. Son visage tourna à l'écarlate alors qu'elle se détourné. Puis elle se dit que de toute façon, ce n'était pas un grand changement non plus. Il avait sa chemise transparente et ouverte la minute d'avant... Ce qui était tout de même le must de la sexitude. Bien qu'Akane n'en ai aucune conscience.

Alors qu'elle commençait à se remettre de ses émotions, ce dernier lui proposa de se déshabiller. Oui, tout bonnement. Qu'il est mignon ce garçon, franchement. Dire ça à une fille...

Sauf qu'Akane, toujours aussi peu logique, hocha simplement la tête. Elle ne dit rien, écoutant à peine les excuses foireuses de Sora. Selon elle, il était logique qu'elle se déshabille aussi. Après tout, à rester ainsi, elle allait finir par avoir un bon rhume, doublé d'une angine ou d'elle ne savait quoi. Et puis, elle n'était pas vraiment très pudique. Oui, je sais, le contact physique avec un garçon lui donnait des vertiges, mais se mettre à demie nue ne lui donnait même pas une petite teinte rosée. Totalement compréhensible, plait-il ?

D'ailleurs, pendant que sieur Launay s'affairait à garder un minimum de prestance, l'Ange enlevait déjà son haut, se retrouvant rapidement en soutiens gorge. Qu'elle garda. Oui, fallait pas pousser non plus, hein. Et quand il désigna son sac de sport, la jeune fille hocha de nouveau la tête, peu consciente qu'il ne la regardait plus et donc qu'il ne pouvait pas voir son approbation. Alors qu'elle déboutonnait avec prudence les boutons de son propre pantalon, porche du sac de Sora, elle aperçut la jambe de son ami. Elle fronça les sourcils, tout en écoutant la question du garçon.

C'est ainsi qu'Akane, en soutiens gorge bleu nuit à dentelle fine, se retrouva accroupit au niveau du genou de Sora, bien qu'il soit dos à elle. Elle portait encore son pantalon, mais lui n'avait plus grand chose sur la peau.

"Secret professionnel. Mais tu devrais aller voir rapidement l'infirmerie, ta jambe a vraiment souffert. Parfois, j'aimerais avoir des pouvoirs de guérisons..."

Et elle passa simplement un doigt sur l'hématome, sans appuyer. Parce que c'est douloureux, un bleu. Puis elle se releva, et repartie vers le sac de sport. Elle retira son pantalon, qu'elle plia avant de le poser sur son haut. Enfin, elle ouvrit le sac de Sora pour en retirer ses affaires de sport et de s'en habiller. Chance pour Akane, étant plutôt grande, elle n'avait que peu de retouche minute à faire sur affaires de Sora. Après tout, il ne faisait que huit centimètres de plus qu'elle. Elle n'eut qu'a faire un petit ourlet - j'sais même pas comment ça s'écrit - afin de pouvoir marcher tranquillement. Sinon, elle flottait un peu dans les fringues de Sora. Elle avait peut être gagner en air fragile, bien qu'avec ses cheveux dans tout les sens, elle fasse plutôt garçon rebelle paumé.

"Jusqu'ici je n'avais pas fait attention, mais tu es vraiment grand."

Tout plutôt que de répondre à la question piège de Sora. Parce qu'elle était certaine que s'il lui posait les bonnes questions, elle ne pourrait lui mentir, ni même lui cachait beaucoup de choses. Akane n'avait pas la force de faire semblant. Il suffisait qu'il donne des noms, et elle serait obliger de fuir. Pour le moment, elle avait surtout l'impression de nager dans les affaires de Sora. Et d'avoir les pieds nus, ce qui était le cas.

"Je te les rendrais le plus tôt possible... Promis."

Et ben ouais, elle va pas les garder hein...

[Désolée, j'fais pas tellement avancé les choses là xD J'suis surtout en train d'me marrer totalement de la situation. "Bonjour, nous accumulons toutes les situations possiblement ambigües mais il ne se passe jamais rien." J'adooooooooooore xD]

Akane hocha la tête et retira son haut. Comme ça, en toute simplicité. Devant un garçon de sexe masculin en pleine adolescence qu’elle connaissait depuis une heure. Ben oui, normal, tout le monde fait ça, c’est bien connu. Prenant exemple sur elle, Sora changea tout simplement de couleur. L’afflux sanguin au alentour de son visage était si important qu’il était plus ou moins sûr de faire une chute de tension. C’était étrange qu’il réagisse si vivement, tout de même ; ce n’était pas comme si c’était son premier soutien-gorge. Déjà parce qu’il avait une mère et une sœur et que les accompagner faire du shopping était sans aucun doute l’instant le plus horrible de sa vie, particulièrement lorsqu’elles souhaitaient acheter de la lingerie fine. Ensuite parce qu’il n’en était pas à sa première petite amie non plus. Nous passerons les détails.

Il balbutia donc rapidement une phrase plus ou moins compréhensible sur son sac et ses affaires de sport, remerciant muettement le ciel pour son emploi du temps si opportun. Suite à quoi il se retourna vivement, tentant par là de retrouver sa froideur et sa dignité perdues. Court toujours mon grand. Non mais, quelle idée aussi ! Maintenant il comprenait ce que l’ange voulait dire par « ne pas savoir vivre en communauté ». Elle n’avait aucun sens commun. Une fille, ça ne se déshabille pas sans raison devant un garçon bordel ! Ok, c’était lui qui lui avait proposé, mais il avait été stupide ! Pendant une seconde il avait oublié la différence de sexe entre eux et avait simplement énoncé une évidence, il ne pensait pas qu’elle acquiescerait ! Et puis, même si elle l’avait fait, elle serait allée se changer dans un lieu clôt et caché pas… pas là ! Fulminant tout seul, le jeune homme se séchait en même temps. Autant directement écrire « rape me » sur son front, ça irait plus vite ! Il allait devoir tout lui apprendre, lui expliquer les différences subtiles entre deux situations semblant pourtant parfaitement identique pour un œil profane. Lui dire qu’un simple changement de ponctuation dans une phrase lui donnait une tourne totalement différente, voire opposée, alors enlever ses habits…! Sora secoua la tête. Non, décidément, il était désespéré. Et très amusé aussi. Mais c’était quel genre de situation ça exactement ?

Gardant malgré tout les pieds sur Terre, le garçon finit par lui poser la question qui le taraudait depuis quelques minutes. Question à laquelle elle répondit par une objection pure et simple.

« Secret professionnel. Mais tu devrais aller voir rapidement l'infirmerie, ta jambe a vraiment souffert. Parfois, j'aimerais avoir des pouvoirs de guérisons...
_ Wouah ! »

Sursautant violement, Sora s’éloigna d’elle d’un bond. Mais, quand est-ce qu’elle était arrivée là ?! Akane, simplement accroupie à la hauteur de son genoux en train de fixer l’hématome qui s’y formait. Il y avait de quoi être surpris, non ? Il la fixa avec des yeux écarquillés, d’étonnement et de consternation. Mais c’était quoi cette position ?! On ne s’accroupi pas devant un homme portant juste une serviette autour de la taille bordel ! Loin de ces considération bien trop impures pour son pauvre petit esprit angélique, la jeune fille passa une main fraiche sur sa blessure, l’air inquiet. Ouais, c’était vrai que ça avait une sale gueule. Reprenant des appuis normaux sur le sol, le garçon ne put s’empêcher de noter dans un coin de son esprit les nouvelles informations qu’elle venait de lui donner. Alors comme ça, pas de guérison ? Dommage, c’était sûr, mais on pouvait pas tout avoir non plus. Les yeux dans le vide, il remarqua distraitement que son pantalon était desserré ; il avait une vue plongeante sur le liseré de sa culotte. Comme il s’en doutait, elle n’avait pas mis celle complétant l’ensemble. Ah, dire que le soutien-gorge était si joli… Une minute à quoi pensait-il exactement là ?!

Détournant brusquement la tête une nouvelle fois, il lui répondit en fixant le mur :

« C’est rien, pas la peine d’aller à l’infirmerie pour ça. J’ai de quoi me soigner dans ma chambre. »

Il allait pas aller voir l’infirmier à chaque fois qu’il se blessait dans une chasse ou un combat ! Sora, le regard toujours rivé sur la carrelage blanc devant lui, attendit patiemment qu’Akane termine de s’habiller, s’occupant en ramassant ses propres vêtements jetés au sol. Quand il se redressa, elle avait sa tenue de sport sur le dos. Ça l’étonnerait toujours autant de voir à quel point ses vêtements allaient bien aux filles et, surtout, de voir à quel point il aimait qu’elle les porte. Aussi stupide que ça puisse être, il plaignait les gays de ne pas jouir de ce spectacle. Certes, les garçons petits et fins ça devait exister. Mais ça ne vaudrait jamais une fille vêtue d’un simple t-shirt trop grand pour elle.

Avec un air un peu déboussolé de chaton perdu, la jeune fille s’observa sous toutes les coutures dans ce vêtement étranger. Elle était vraiment trop… non, il ne le dirait pas. Mais l’était quand même. Finalement, après de longues secondes de réflexion, elle finit par remarquer :

« Jusqu'ici je n'avais pas fait attention, mais tu es vraiment grand.
_ Merci à mes gènes occidentaux, dit-il en souriant. Mais tu es grande également, ils sont presque à ta taille. »

Il hocha simplement la tête quand elle lui promit de les lui rendre dans les plus brefs délais, préférant concentrer son attention sur des choses plus importantes, comme la regarder par exemple. Elle avait l’air gêné de la personne qui ne sait plus quoi dire ou ne veut pas dire ce qu’on lui demande. Car oui, même si son brusque rapprochement avait temporairement détourné Sora de son objectif, il n’avait pas pour autant oublié qu’elle avait refusé de répondre à sa question. Mais lui avait besoin de savoir. Pas pour lui, pour Reimei. Il devait savoir. Pourtant il claudiqua gentiment vers son sac et se le mis sur l’épaule, ses vêtements trempés dans l’autre main, avant de se diriger vers la porte.

« Viens, je pense qu’il est temps de rentrer. »

Il sourit doucement et tourna la poignée, gardant le battant ouvert jusqu’à ce que sa compagne soit dans le couloir. Et oui, même en serviette de bain Sora connaissait les bonnes manières. Je sais, quel homme. Ils marchèrent un moment sans rien dire en directeur de leurs chambres. Drôle d’après midi, tout de même. Pleine de rebondissements, bouleversante à sa façon. Mais voilà, dès qu’ils auraient tourné à cet angle, tout redeviendrait comme avant. Les autres élèves allaient leur jeter un regard curieux avant de s’en désintéresser, ils allaient chacun regagner leur chambre, leur colocataire et leur lit et ce serait terminé. Ça ne pouvait pas se finir comme ça.

Sora s’arrêta brusquement de marcher, plaquant une main contre le mur pour qu’Akane en fasse autant. Il attendit un moment avant de laisser son bras retomber mollement contre son flanc et prit une longue inspiration.

« Je suis désolé mais… je dois savoir. Qui es-tu allée voir d’autres ? demanda-t-il en tournant la tête vers elle, la fixant droit dans les yeux. Des élèves ?

Son comportement pouvait toujours passer pour celui d’un grand frère parano trop protecteur envers sa sœur et trop soucieux de ses fréquentations se disait-il. Après tout, il n’avait pas parlé des « Maitres » à l’ange, peut être ne comprendrait-elle pas le fond de sa pensée. Par qu’il voulu à tout prix la lui cacher, mais moins elle en savait et mieux c’était pour elle, c’est-ce qu’il se disait.
Devant la réaction de la jeune fille, il continua :

_ Des professeurs ? »

Pas la peine de préciser qu'Akane n'avait pas fait plus attention que cela aux réactions de Sora. D'abord, parce que ce n'était pas des sentiments négatifs qui s'en échappait et aussi parce qu'elles n'étaient pas non plus super positives. C'était quelque chose entre les deux, dont elle ne connaissait pas vraiment la nature. Et puis, pour le moment, elle était surtout inquiète pour la santé du garçon, alors...

Effectivement, elle était plutôt grande. Pour une fille, bien sûr. Mais c'était toujours mieux pour se faire passer pour un garçon. Cela accentuait son côté androgyne. C'était amusant selon elle de voir combien les autres étaient surpris de savoir qu'une si grande personne était une fille. Elle se rappelait même qu'une fille lui avait dit qu'elle avait la taille d'une mannequin. Ce qui avait fait bien rire Akane, intérieurement, car selon elle, elle n'avait rien d'une de ces belles créatures glacés. Tout d'abord, elle n'avait pas assez de poitrine. Et comme son visage était masculin et féminin, elle ne pouvait pas penser à prétendre la place d'une de ces femmes sensuelles. Elle, elle était plutôt nature et simplicité. Et puis jouer des sentiments et mettre un masque, très peu pour elle. Enfin bref, elle avait trouvé cela très amusant, mais elle n'en avait rien dit. Elle avait alors peur de blesser la jeune fille.

Après un instant, Sora l'accompagna en dehors des douches. Ils sortirent donc sans un mot, et avancèrent dans le couloir. Alors qu'Akane se pensait tiré d'affaires, pouvant enfin s'allonger dans un bon lit chaud et laissant libre court à tout ce qu'elle avait ressentit, Sora lui sauta littéralement dessus.

Ou plutôt, il lui barra le passage d'un bras puissant, et dans sa surprise, elle se plaqua contre le mur, instaurant une distance entre lui et elle. Elle resta silencieuse, d'abord apeurée, puis prenant un air neutre. Elle ne voulait pas montrer que la situation l'effrayait. Ce n'était peut être pas son fort de faire semblant, mais elle se répétait comme un mantra qu'elle n'avait pas de raison d'avoir peur. Au bout d'un moment, Sora retira son bras, mais Akane ne relâcha pas pour autant son attention. Il avait quelque chose à lui demander, et c'était sérieux. Elle ne pouvait pas faire machine arrière, s'enfuir ou essayer de plaisanter. Déjà parce qu'elle en était incapable mais aussi parce que cela n'irait pas à Sora.

Akane planta ses yeux noirs profonds dans ceux de Sora, le sonda doucement. Il avait un retour de haine au fond des yeux, et elle comprit sans grande peine pourquoi il lui posait cette question. Elle resta un instant sans répondre, laissant simplement le silence s'installer, laissant l'adrénaline dans ses veines s'évaporer. Quand elle se sentit enfin prête à lui répondre et lui à l'écouter, elle commença simplement à parler, d'une voix douce et presque comme un murmure.

"Aucun élève et aucun professeur. Mais Sora, ne me demande pas de t'aider à retrouver son maître. Je ne veux pas être complice de ta vengeance. De plus, le maître de Rei est peut être la seule personne avec qui elle peut montrer qui elle est. Je ne sais pas si c'est un bon maître, ni si c'est une bonne personne. Ce que je sais, c'est que si il est encore auprès d'elle, il doit la protéger d'une certaine manière."

Akane laissa retomber sa phrase, consciente que Sora ne l'entendrait pas de la même façon. Selon lui, ce vampire n'avait rien de bien en lui. Il devait mourir. Ce n'était ni une bonne personne, ni un bon maître. C'était un vampire, et pire que tout, celui qui avait changé sa sœur. Il ne pourrait pas comprendre que Rei pouvait se sentir soulager de ne plus faire semblant d'être humaine avec. Bien sûr, Akane n'en était pas sûr non plus. Tout cela n'était que supposition optimiste. Mais Rei n'avait pas l'air traumatisé non plus...

Et puis, oui, elle était déjà allé voir quelqu'un. Mais ce n'était pas un professeur, n'est-ce pas ? Elle ne savait pas trop ce qu'il faisait, à part s'occuper de la bibliothèque. Et puis, dans tout les cas, elle n'avait aucune idée de la relation qui unissait Rei et cheveux verts. Elle ne savait même pas s'il était un vampire. A part une passion pour les grenouilles, elle ne connaissait pas grand chose de lui...

[Désolée du retard... T_T ]

Il lui avait fait peur. Ce n’était pas son but. Akane s’était violement plaquée contre le mur alors qu’il avait juste posé sa main devant elle. Avait-il été si violent que ça dans son geste ? Il ne le pensait pas, mais il devait se tromper sinon elle n’aurait pas réagit de cette manière. Ses grands yeux noirs le sondaient, comme on sondent un animal féroce qui peut vous attaquer à tout instant. Sauf que, en tant normal, on ne fixe pas un prédateur dans les yeux. À moins de vouloir le provoquer et mourir sous ses crocs. Un tel manque d’instant de survie, c’était typique de la petite ange, ça pourrait presque le faire sourire. Mais la voir aussi méfiante lui faisait mal. Il ne lui aurait jamais rien fait, elle le savait. Seulement, il devait savoir. Akane semblait vouloir le calmer par la simple force de son regard. Et sûrement y serait-elle parvenue s’il n’avait s’agit de Reimei. Lorsqu’il s’agissait de sa famille, rien ne pouvait raisonner Sora. Ça aussi, elle devait le savoir.

Elle mit moment à lui répondre. Un moment très bref, mais qui parut une éternité à Sora. Peut être n’allait-elle pas répondre, comme tout à l’heure ? Mais non, c’était juste le temps de retrouver ce calme olympien qui ne la quittait jamais très longtemps.

« Aucun élève et aucun professeur.

Pendant un bref instant, il sentit le monde s’écrouler sous ses pieds. Alors, dans ce cas, qui ?! Il ne lui fallut que quelques secondes supplémentaires pour se souvenir de l’existence de ce troisième type qui hantait, discrètement, les couloirs du pensionnat. Le personnel. Mais oui, bien sûr, ça pouvait très bien être l’un d’eux. Ou l’un des villageois. Il espérait que non, sinon il aurait bien plus de mal à le retrouver que s’il se terrait dans un coin de l’établissement. Il commencerait par chercher dans l’enceinte de l’école, il élargirait son champ de recherche si nécessaire.

_ Mais Sora, ne me demande pas de t'aider à retrouver son maître. Je ne veux pas être complice de ta vengeance.
_ Je le retrouverai seul, ne t’inquiète pas de ça.

Il ne s’étonna même pas qu’elle soit au courant de son existence. Après tout, elle savait avant. Il avait été naïf de penser qu’elle ne se douterait de rien, mais c’était quelque chose à tenter. Au moins, maintenant, il était fixé.

_ De plus, le maître de Rei est peut être la seule personne avec qui elle peut montrer qui elle est. Je ne sais pas si c'est un bon maître, ni si c'est une bonne personne. Ce que je sais, c'est que si il est encore auprès d'elle, il doit la protéger d'une certaine manière.

Comme lui dire qu’il s’en fichait ? Que Rei pourrait très bien égorger son camarade de chambre devant lui qu’il ne dirait rien ? Qu’elle soit humaine ou non, ça n’avait aucune importance pour lui. Tant qu’elle restait « en vie » et libre et ses mouvements. Ce que ma présence de son maitre lui interdisait. Sora sentit doucement la colère monter en lui. Comme si cet être pouvait la protéger !

_ La protéger ? Et de quoi au juste ?! »

Il réalisa qu’il criait et secoua la tête de gauche à droite. Non, il ne devait pas s’énerver. Ça le détournerait de son but, lui ferait perdre les pédales. Il devait rester calme, calme, comme Akane devant lui qui continuait de le fixer de ses grands yeux inquiets. Bien, reprendre le cours de ses pensées. À quoi pensait-il déjà ? Oui, retrouver son maitre. Pas un élève, pas un professeur, un villageois ou un membre du personnel. Dans le pire des cas, juste une personne de passage qui viendrait aléatoirement au pensionnat. Il serait incapable de lui mettre la main dessus alors. Mieux valait ne pas y penser, il faut positiver.

« Un membre du personnel ? »

Comme si la conversation n’avait jamais déviée de sa route. Il la fixa droit dans les yeux. Akane ne savait pas mentir, il le saurait. Et puis, même si c’était un membre du personnel, comment savoir que c’était le bon ? Il y en avait tant… Il repensa au seul qu’il « connaissait ». Masato, le bibliothécaire. Le bibliothécaire aux cheveux verts. Tilt.

« Est-ce qu’il a un signe particulier, quelque chose de remarquable ? »

Un tatouage, des lunettes, des cheveux blonds, une haute stature, des béquilles ou juste une haleine qui sent la cigarette. Il aurait forcément quelque chose, ce qui l’aiderait.

Spoiler:

Il s'énervait. Il s'énervait vraiment devant elle, devenant plus effrayant encore. Mais Akane n'était pas du genre à se laisser impressionner ainsi. Bien qu'elle soit plutôt crédule, naïve et incapable du moindre mal, elle ne voulait pas se laisse marcher dessus. Et puis, elle connaissait maintenant plus Sora. Elle le savait paradoxale. Elle ne devait pas lui faire tout à fait confiance, car selon lui, il pouvait la trahir. Mais en même temps, il voulait une confiance absolue venant d'elle, sinon, il se sentirait blessé, trahie. Dans tout les cas, elle ne pourrait parfaitement le contenter. Sauf qu'elle avait pris sa décision depuis longtemps. Elle lui accordait toute la confiance dont il avait besoins. Elle le savait agréable et chaleureux. Il ne lui voulait aucun mal. C'était vers d'autres qu'était tourné cette haine.

Elle tourna simplement sa tête de gauche à droite, cherchant simplement à ne pas énerver plus Sora. Il réussit de lui même à se calmer, avant de reprendre ses questions. Alors qu'il venait de lui promettre de ne pas la mêler de cela, il recommençait. N'avait-il pas compris qu'elle parlait de cela ? Chercher physiquement un être n'était pas le seul moyen d'être complice. Il suffisait qu'elle lui donne la description de la dernière personne qu'elle avait suivit pour qu'il la retrouve... Et si c'était vraiment cette personne, elle s'en voudrait toute sa vie. Car l'un des deux perdrait la sienne.

De nouveau, elle tourna sa tête de droite à gauche, fixant avec inquiétude Sora. Elle ne voulait pas lui mentir, mais elle ne voulait rien dire non plus. La tension qu'avait installé Sora était trop forte pour elle, et elle sentit que ses yeux s'embrumaient. C'était presque des larmes de rage, car elle se sentait incapable de faire quoi que ce soit. Elle ne pouvait rien faire tout simplement.

Après quelques instants, elle craqua. Repliant ses bras autours de sa tête, elle s'accroupit sur le sol en criant.

"STOP ! ARRÊTE SORA !"

Sa balançant doucement, elle essaya de reprendre son calme. Elle avait autour d'elle tous les sentiments négatifs de Sora, mais aussi son inquiétude et la pression qu'il lui insufflait. Il n'avait rien contre elle, mais elle ressentait tout de même ce genre de chose. Et puis, elle ne voulait rien dire. Si elle donnait encore un seul indice à Sora, elle s'en voudrait. Elle ne pourrait plus se regarder en face, elle protégerait mal Rei, elle perdrait ses ailes. Si elle ne pouvait pas être à l'aise, c'était impensable qu'elle continue.

Ne sentant pas la paix revenir en elle, elle commença à chantonner une berceuse. C'était encore moins fort qu'un murmure, et elle avait la voix qui tremblait. Elle se bouchait les oreilles, croyant peut être que cela la protégerait du monde réel. Elle ne pensait pas que cela serait si difficile, de vivre ici. Peut être était-ce seulement difficile auprès de Sora. Elle n'avait pas été aussi chamboulé avec Rei. Certes, elle n'avait jamais été aussi heureuse de sa vie en la voyant. Mais elle n'était pas passé par autant d'émotion.

[Pas de souciiiiis! Réponse courte dans mon cas aussi 8D]

Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir. Savoir.

Rien d’autre ne comptait. Rien, à part ça. Savoir. Il aurait tout fait, tout donner pour ça. Savoir. Savoir, enfin, qui c’était. Cet être qu’il poursuivait de sa haine et sa rancune depuis près d’une année. Cet homme, cette femme, cette chose, ce monstre. Ce vampire. Cette quête, elle faisait partie de lui. Elle coulait dans ses veines, faisait battre son cœur et s’emplir ses poumons. Sora ne pouvait juste plus s’arrêter. Pour lui, mais surtout pour Reimei. Pour que sa sœur retrouve sa liberté volée. Il n’y avait pas d’autre choix. S’il voulait qu’elle puisse choisir de sa vie, sans maître ou ordres à suivre, il devait le trouver. Il le tuerait. Et après, il pourrait enfin se reposer. Que Rei décide de se fondre dans la masse humaine ou de vivre son vampirisme, il n’en avait cure. Tout ce qu’il voulait, c’est que ça soit elle qui décide la voie qu’elle souhaitait suivre. Et pour ça, un seul et unique moyen : ôter la vie à son maître. Et ce but, si lointain et improbable, ce rêve de cauchemar qu’il désespérait d’atteindre un jour… Akane le lui apportait sur un plateau d’argent. Elle était la clef. Il l’aimait, il ne voulait pas la faire souffrir. Mais il aimait Reimei plus encore et l’idée de savoir, enfin, l’obnubilait. Savoir. Oui, enfin, il allait savoir. Maître de Rei, qui es-tu ?

« STOP ! ARRÊTE SORA ! »

Le cri résonna comme un gong dans sa tête, mettant fin à toute pensée qui aurait pu y circuler. God, qu’avait-il fait ? Son ange était accroupie au sol, repliée sur elle-même comme pour se protéger du monde, les mains sur les oreilles pour s’en couper définitivement. Depuis quand ses yeux étaient-ils fermés ? À quel instant précis avait-il perdu le contact de ses grands yeux noirs ? Il ne savait plus. Honnêtement ? Il était paniqué. Paniqué et frustré. Il était passé tellement près de la révélation, il l’avait effleuré du bout des doigts, senti son effluve l’embaumer, et elle était repartie, toujours aussi compacte et inaccessible. Ç’aurait été quelqu’un d’autre, Sora l’aurait déjà empoigné et plaqué contre le mur. Son information, il l’aurait eue. De grès ou de force. Mais ce n’était pas n’importe qui, c’était Akane. Il avait beau faire les plus grands discours sur la trahison, il n’en était pas capable. Ou du moins, pas actuellement. Il n’était pas encore à bout, il pouvait tenir, trouver d’autres chemins détourner pour arriver jusqu’à lui. Et puis, elle lui avait déjà appris beaucoup. Peut être trop pour son bien.

Pour l’instant, inquiétude dominait. Il ne savait pas quoi faire. Il tournait en rond, se mettait à genoux devant elle, se relevait en jurant. Il aurait volontiers donné un coup de poing rageur dans le mur s’il ne s’était pas déjà estropié d’une jambe.

« Merde ! »

Akane s’était mise à chanter, apparemment encore trop consciente de ce qui l’entourait à son goût. Sora se sentait horriblement mal. Finalement à bout de force et d’idées, il se laissa tomber contre le mur à côté d’elle. Il tendit une main vers son épaule avant de la retirer brusquement. Non, il ne devrait pas la toucher, elle n’aimerait pas ça. Se frappant la tête contre le mur, il prononça une nouvelle flopée de jurons sur sa stupidité et son impuissance. Au moins, aucun surveillant n’était arrivé en courant lorsqu’elle avait crié. Vu son apparence - en serviette - il aurait été accusé de viol et directement envoyé dans le bureau du directeur et, plus tard, chez lui. Bref, ce n’était pas le moment de penser à ça. Il jeta un regard en coin à l’ange. Il l’aurait bien portée, comme une princesse, jusqu’à sa chambre mais ça n’aurait fait qu’aggraver son cas. Bien sûr, il pourrait toujours lui promettre de ne plus jamais l’impliquer dans sa recherche, mais il ne voulait pas prononcer de promesse qu’il risquait de rompre un jour. Il ne lui restait donc qu’une chose à faire.

« Je suis désolé, Akane. »

Elle était tellement loin, maintenant, de la réalité. Elle ne sentait plus le contact du mur dans son dos, du sol sous ses pieds, et de la présence de Sora. Le temps n'était plus de ce monde, l'espace était partie lui aussi. Elle était simplement dans le noir complet, un murmure lui jouant une berceuse. Déconnectée du monde, elle se pensait indestructible. Après tout, elle était seule. Seule dans un monde tout en noir. C'était presque triste. Mais Akane était loin de cela. Elle avait simplement le cœur qui battait trop vite, les oreilles qui bourdonnaient et une sale envie de s'enfuir en courant, laissant tout en plan, et sautant du haut d'une grande falaise, sentir le vent sur son corps, et au dernier moment, voler. Elle voulait juste tout oublier, revenir chez elle, embrasser ses parents et regagner sa jolie chambre. Elle n'avait qu'une envie. Ne pas être là.

Alors qu'elle était si loin de tout, elle entendit une autre voix que la sienne. C'était une voix qu'elle connaissait, mais qui n'était pas lié à son rêve ouaté. Elle s'y accrocha un instant, cherchant sa signification. Elle était masculine, presque hésitante. Quel homme connaissait-elle possédant une telle voix ? Elle ne le savait plus. Qui pouvait s'excuser à elle, et prononcer ainsi son prénom ? Que pouvait se sentir coupable face à elle ? Elle avait l'impression qu'elle ne voulait pas le savoir. Que cette information ne la rendrait pas plus calme. Mais, pourtant, au fond d'elle, elle avait besoins de savoir. De savoir tout. De comprendre cette situation. Oui... Pourquoi tout était si sombre et si triste ?

Tout à coup, elle reprit pied. La voix, Sora. L'excuse, ses paroles. La culpabilité, son agression. Elle rouvrit les yeux, arrêtant de chanter. La voix venait d'à côté d'elle. Elle tourna sa tête brune, voyant ainsi le visage torturé de son ami. Si elle avait été blessée, il semblait qu'il en avait pris conscience et que cela le rebutait. Il regrettait ses paroles, et voulait se rattraper. Il ne savait apparemment que faire.

Elle n'ont plus ne le savait pas. Elle n'avait pas la force de faire plus que d'ouvrir ses yeux et de la regarder. Elle s'autorisa donc un instant de contemplation. Elle remarqua qu'il était resté à une certaine distance d'elle, afin de ne pas la brusquer. Il avait eu raison. Dans son monde comme elle l'était, il n'aurait fait qu'empirer les choses. Elle remarqua ensuite la tenue minimaliste du jeune homme, et l'endroit où ils étaient. S'il n'était pas encore tombé malade ou sur des personnes, ce serait sans doute le moment. Le couloir laissait les courants d'airs s’infiltraient et ce n'était pas la serviette de Sora qui le protégerait. Il fallait qu'elle réagisse avant qu'il tombe malade où qu'une personne passe et se pose des questions. Se faire interrompre dans une telle situation était le pire. Il était alors très difficile de pouvoir en reparler. Et de trouver une solution.

Doucement, la jeune ange relâcha ses oreilles, et posa une de ces mains tremblantes sur celle de l'humain. Elle enfonça ses yeux noirs dans le regard profond du garçon, essayant de faire passer un peu de paix. Elle ne voulait pas qu'il se sente coupable. Elle ne voulait pas qu'il souffre par sa faute. Parce que c'était bien sa faute à elle aussi. Elle ne devait pas être aussi émotive et extravagante.

Elle tourna sa tête de droite à gauche. Toujours muette. Elle voulait simplement lui dire qu'il avait tort. Tort d'être ainsi affligée par la tristesse d'une Ange. Il ne devait pas se montrer ainsi. Elle non plus n'aurait pas dû. Elle n'avait plus qu'à se détester d'être aussi faible et que de souhaiter changer un peu, s'endurcir afin de pouvoir faire face. Elle réussit à sourire un peu, puis, elle attendit d'être prête à parler.

"Ce n'est pas grave, Sora. Je suis désolée de ne pas pouvoir t'aider. C'est impossible pour moi. Mais maintenant, tu le comprend, non ? Alors, il n'y a pas de problème. Et puis... Peut être que je suis trop faible, aussi."

Elle eut un rire amer, et puis elle se stoppa. Bien sûr, elle était trop faible. Elle était certaine que n'importe qui d'autre aurait pu ne rien dévoiler à Sora. Simplement lui mentir, ou refuser de répondre. Elle, elle n'avait même pas le courage de demander avec calme qu'il arrête ses interrogations. Elle avait tout simplement craqué. Et elle n'en était pas fière. En plus, elle n'arrivait toujours pas à bouger comme elle le voulait, et sa voix lui donnait l'impression d'être cassé. Être si fragile lui faisait froncer les sourcils. Quel Ange était-elle pour être si vulnérable ? Elle n'était même pas sûr de pouvoir se protéger à cette instant si quelqu'un l'attaquait.

"Nous ne devrions pas rester là. Tu pourrais attraper froid, et on pourrait nous voir. Ce ne serait pas judicieux de nous faire remarquer."

Pour des raisons plus que clair. La rumeur qui en découlerait serait plutôt peu agréable. Elle reviendrait aux oreilles de Reimei. La situation deviendrait maladroite. Et puis, on regarderait autrement Akane et Sora. On alors ils éveilleraient les soupçons. Sur tout et n'importe quoi. Elle ne voulait pas le savoir, elle était un peu paranoïaque. C'était peut être ce qui la garderait en vie.

Le seul problème, c'était qu'elle ne se sentait pas prête à bouger. Sa tête, lentement, peut être. Ses mains, en geste saccadé, pourquoi pas. Mais se lever et marcher, c'était une autre histoire. Elle pensait pouvoir se mettre debout dans quelques minutes, mais elle n'était pas sûr d'être très stable sur ses pieds et de pouvoir marcher jusque sa chambre. Pas maintenant tout de suite dans l'immédiat en tout cas.

[Magnifique redondance pour finir, je sais, je suis douée. 8D]

La main tremblante sur la sienne lui fit tourner la tête. Akane avait émergé de son monde intérieur et le fixait maintenant avec incertitude. Il voyait bien qu’elle essayait de le calmer, comme elle l’avait fait plus tôt avec juste la force de son regard. Mais ça ne rimait à rien. C’était elle qui était bouleversée et par sa faute à lui, alors pourquoi essayait-elle encore de lui venir en aide ? Était-ce ça, être un Ange, toujours tendre l’autre joue ? Sora avait envie de rire jaune. Seulement la jeune fille l’empêchait. Pas une contrainte physique, matérielle, non. Elle semblait juste… tellement y croire. Comme si c’était elle la coupable et non lui. Il aurait pu la poignarder qu’elle aurait réussi à murmurer dans un dernier souffle de vie qu’elle avait trébuché et s’était empalée seule sur le couteau. C’était un cas désespéré. Désespéré de compassion et de gentillesse ; les pires faiblesses en ce monde.

Akane secoua lentement la tête. Quoi, non ? En fait, il avait très bien saisi le message, mais il ne voulait pas l’admettre. Cette fille était pire d’un bisounours au pays de Oui-oui. Il aurait aimé l’attraper par les épaules et la secouer, pour qu’elle se réveille. Pour qu’elle voit les cruautés de l’univers et qu’elle arrête de croire en lui, que ça ne servait à rien. Oui, c’était cruel. En fait, il ne savait pas quoi faire. Sora voulait qu’elle lui pardonne et c’est ce qu’elle venait de faire, non ? Et il n’était pourtant pas satisfait. Il voulait qu’elle lui pardonne, mais qu’elle n’oublie pas. Qu’elle garde une certaine rancœur quelque part au fond d’elle-même, quelque chose qui fasse que la méfiance subsiste. D’un autre côté, si elle avait réagit comme ça, il aurait été déçu… En fait, Sora était quelqu’un de compliqué. Parfois, il ne se comprenait pas lui-même.

La jeune fille continuait de le fixer, de ses yeux trop grands, trop profonds, trop noirs. Il avait du mal à soutenir ce regard. Un sourire faiblard vint étirer ses lèvres, pâle imitation de ceux qu’elle faisait habituellement. Elle avait beau le nier, cette confrontation l’avait ébranlée. Elle avait été touchée. Touchée par les sentiments négatifs qui émanaient de Sora, par les conséquences qui découleraient de ses révélations, par l’idée qu’il commette un meurtre à cause d’elle. Akane continuait de lui sourire, se voulant rassurante de par sa présence et sa main toujours contre la sienne.

« Ce n'est pas grave, Sora. Je suis désolée de ne pas pouvoir t'aider. C'est impossible pour moi. Mais maintenant, tu le comprend, non ? Alors, il n'y a pas de problème. Et puis... Peut être que je suis trop faible, aussi.

… maintenant, il avait très envie de sourire. Parce qu’elle était mignonne, adorable et tout à fait prise de tête. Bien sûr qu’il comprenait, mais que pouvait-il faire d’autre ? Avec une moue pareille, elle pourrait lui demander la lune qu’il louerait aussitôt un hélicoptère pour aller la lui décrocher. Non, Sora ne savait pas résister aux filles mignonnes. Mieux valait espérer qu’il n’aurait jamais de fille, il deviendrait un vrai papa gâteau sinon. Il enleva sa main de celle d’Akane et lui ébouriffa gentiment les cheveux, lui rabattant ses mèches folles sur le visages pour qu’elle ne le voit pas en train de sourire.

_ Me regarde pas avec ces yeux là, je peux rien faire contre. Tu es plus forte que moi. »

Il se leva dans le même mouvement, maintenant de la distance entre elle et son rougissement qui risquait de ne pas tarder. Sora ne voulait plus parler de toute cette affaire. De son histoire, de sa race à elle, de sa faiblesse et de sa force, de ses cicatrices et de Reimei. Il s’était assez pourri la journée comme ça, il était temps de tourner la page pour le moment. Le rire d’Akane sonnait faux, mais au moins était-ce un rire. Il préférait ça à l’entendre chanter, recroquevillée sur elle-même, l’estomac retourné par toutes ces émotions qu’elle ne connaissait pas.

« Nous ne devrions pas rester là. Tu pourrais attraper froid, et on pourrait nous voir. Ce ne serait pas judicieux de nous faire remarquer.
_ Nous voir ? Oui, je suppose que ce serait embêtant. »

À vrai dire, Sora s’en fichait royalement. On disait déjà tellement de choses sur lui, qu’une de plus ou de moins… mais il comprenait que l’ange ne veuille rien sur sa propre réputation. Déjà, parce que c’était jamais très agréable. Ensuite, parce qu’elle restait une ange malgré tout et que ce genre de ragots négatifs ne devaient pas lui faire que du bien. Par contre, il était entièrement d’accord sur le fait d’attraper froid. Il craignait que ce soit déjà fait d’ailleurs. Un éternuement lui secoua le squelette en même temps qu’il mettait une main devant sa bouche pour le contenir. Et voilà, trop tard.

« Tu veux que je t’aide à te lever ? demanda-t-il en voyant qu’elle restait toujours assise, sans bouger.

Il lui tendit la main - celle dans laquelle il n’avait pas éternué, bien sûr - et attendit patiemment qu’elle la prenne.

_ Si tu bouges pas, je peux toujours te porter, ajouta-t-il en souriant d’un air taquin. »

Ses yeux là ? Elle n'avait pourtant rien fait de particulier ? Enfin, elle ne pensait pas avoir fait quelque chose de particulier avec ses yeux. Avait-elle fait quelque chose avec ses yeux ? Faisait-elle parfois des choses avec ses yeux sans le savoir ? C'était un peu effrayant. Parce que tout au long de sa vie, elle avait pu faire des choses dont elle n'avait aucune conscience. D'accord, vu l'effet sur Sora, ce ne devait pas être dangereux pour sa santé. Au contraire, cela semblait être une arme pacifique et tout à fait avantageuse. Sauf que dans l'esprit d'Akane, ce n'était pas une bonne chose. Elle trompait son ami. Elle ne voulait pas lui faire du mal, ou lui montrer qu'elle était plus forte que lui, ou une autre connerie. Mais, ce n'était pas le moment de faire un cours sur ce genre de chose. Elle n'allait pas encore s'excuse telle une andouille pour cela, parce que cela pourrait embêter Sora. C'est vrai quoi, elle n'allait pas s'excuser tout le temps. Si ?

Il avait de bien se ficher qu'on les voit, tout les deux. Et cela lui faisait bien plaisir. Il n'avait donc pas honte d'elle. Au contraire, même, peut être. Mais dans tout les cas, il ne voulait pas non plus rester ici. Akane pour une autre raison. Parce que le lieu était maintenant chargé de mauvaises ondes, et de quelque chose de trop négatif pour Akane. Certainement que dès qu'elle passerait dans le couloir elle se sentirait mal. Pendant une bonne semaine, c'était sûr. Mais le sujet n'était pas à la prochaine crise de sentiment négatif d'Akane.

Le sujet était le statut physique de la demoiselle. En effet, elle ne pouvait toujours pas bouger. Ses pieds refusaient de l'écouter. Et même quand elle regarda la main tendue de son ami, elle ne put que se demander si elle allait pouvoir se lever. Elle ne sentait pas avoir la force de le faire... Et la proposition de Sora ne faisait que la rendre rouge et avec moins de force. Elle décida donc de taper gentiment dans la main de Sora en riant doucement.

"Ne te moques pas de moi ! J'ai juste besoins d'un peu de temps, je vais réussir à me lever, pas de soucis."

D'ailleurs, elle pouvait maintenant bouger le haut de on corps sans trop de problème. Et puis, elle se rappelait de ses pouvoirs. Elle pouvait toujours les utiliser pour se redresser. Elle rattrapa donc la main de Sora avant qu'il ne la reposa elle ne savait où, et elle prit appuie sur le mur. Lentement, elle allongea ses jambes sur le sol. Elle les agita doucement histoire de les sentir progressivement. Puis elle les replia sous elle le plus possible, et les tendit. Elle réussit à se mettre devant grâce à son appuie sur Sora et à son don de s'élever dans les airs. Ses deux pieds étaient sur le sol, mais elle se servait de son pouvoir pour ne pas retomber sur le sol.

Très fière d'elle même, Akane ne découvrit pas tout de suite que pour trouver la force de se mettre debout, elle s'était crispé sur la main de Sora. Elle le comprit la seconde d'après, et elle la relâcha aussitôt. Elle prit donc un air désolé, avant de rougir jusqu'au oreille et de frotter ses mains l'une contre l'autre. Non, elle ne se sentait pas du tout coupable de lui avoir fait mal.

"Désolée... Je suis désolée !"

La voilà qui s'excusait encore. Pour ne pas changer. Elle tira sur le col du haut qu'elle portait, et qui appartenait à Sora, afin de se cacher à l'intérieur. Tout les moyens étaient bon pour ne pas montrer ses émotions. A l'intérieur de son cocon ainsi installé, elle put se calmer doucement. Lorsqu'elle sentit que ses joues étaient moins chaudes, elle ressortie sa tête et plaqua ses yeux dans le regard de Sora. Il était temps qu'ils se mettent en route.

Sauf qu'au moment où elle fit un pas en avant, elle manqua de sa casser la figure. Apparemment, c'était un miracle qu'elle tienne debout. Elle ne voulait pas rester ici, mais si elle voulait partir d'elle même, elle devrait rester encore un peu pour se calmer. Sauf qu'elle ne voulait pas rester. Et pour partir vite, elle devrait avoir besoins de Sora. Sauf quelle n'était pas sûr qu'elle puisse survivre dignement au contact de Sora, encore une fois. Surtout qu'il était presque nu. Et qu'elle commençait à se rendre compte de la situation présente. En bref, elle était face à un dilemme.

» Sora is here ~
» Welcome in Sora's life ♥
» J'ai encore rêvé d'elle [PV Sora].
» Sous un arbre un loup et une brebis ? [PV Sora]
» # Hi Honey }Terminé